L’UNICEF lance aujourd’hui le rapport « La situation des enfants dans le monde 2017 : les enfants dans un monde numérique ». Ce rapport phare souligne les différentes façons dont la technologie numérique affecte la vie des enfants, en identifiant les dangers et les opportunités.

L’impact de l’Internet et des médias sociaux sur la sécurité et le bien-être des enfants, est un sujet sur lequel j’aimerais interpeller le gouvernement, le secteur de la technologie numérique et les industries de télécommunication, etc. Pendant qu’un internaute sur trois dans le monde est un enfant, peu d’initiatives sont prises pour les protéger des dangers du monde numérique.
Nous avons connu ces dernières années, un bouleversement de nos habitudes, tant sur le plan du partage de l’information avec la communication sur les réseaux sociaux que sur la sécurité et l’impact de cette circulation de l’information sur les enfants. Aujourd’hui qu’on le veuille ou non, la technologie numérique fait partie de notre quotidien.
Combien sommes-nous aujourd’hui à ne pas avoir de comptes Facebook, Twitter, Instagram, etc. ? Comme le dira Anthony Lake Directeur exécutif de l’UNICEF « Internet a été conçu pour les adultes, mais il est de plus en plus utilisé par les enfants et les jeunes – et la technologie numérique affecte de plus en plus leur vie et leur avenir. Les politiques, les pratiques et les produits numériques devraient donc mieux refléter les besoins des enfants, les perspectives des enfants et les voix des enfants ».
De nos jours dès le plus jeune âge, de plus en plus d’enfants sont dotés de supports numériques (téléphone portable, ordinateurs,) avec accès internet, les exposant ainsi à de nouveaux risques.

Les avantages des technologies numériques ne sont plus à démontrer pour les enfants les plus défavorisés, y compris ceux qui grandissent dans la pauvreté ou touchés par des urgences humanitaires, tant sur le plan de l’éducation, de la protection, que pour la santé. À travers internet et les supports technologiques, beaucoup d’opportunités sont offertes aux enfants pour accéder à des informations utiles à leur formation scolaire ou au renforcement de leurs compétences.
En Guinée par exemple, le projet de collecte des données scolaires via les tablettes numériques a été mis en œuvre par le Bureau de Stratégie et de Développement du ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation. Durant la phase pilote du projet de collecte appuyée par l’UNICEF, des tablettes numériques munies de chargeurs solaires ont été mises à disposition. Parmi les avantages de la collecte numérique, je peux citer par exemple, le temps de collecte et de remontée des informations du terrain au niveau central.
C’est un système innovant qui permet aussi de renforcer les capacités des agents préfectoraux et communaux dans l’utilisation effective des technologies mobiles, mais également d’améliorer le système d’informations géographiques à travers une localisation précise des établissements scolaires, grâce aux GPS incorporés dans les tablettes.
En ce qui concerne les jeunes, le ministère de la Jeunesse a mis en place la plateforme U-report que l’UNICEF appuie. Elle permet aux jeunes, même les plus démunis de se connecter à travers leurs smartphones et de communiquer instantanément et en toute confidentialité, leurs points de vue sur les décisions qui impactent directement leurs vies. Il s’agit d’une application innovante, qui à travers des SMS gratuits permet aux jeunes et adolescents, de s’exprimer et de se faire entendre auprès des décideurs sur les thématiques qui les concernent.
Ce dispositif qui vient combler le droit à la participation des jeunes et permet à ces derniers de contribuer à la gouvernance dans leur pays compte aujourd’hui 50.000 adhérents à travers le pays. Avec U-Report, les jeunes en Guinée se prononcent sur les thématiques telles que, la santé, l’éducation, les changements climatiques, l’accès à l’eau, l’hygiène et assainissement et la santé reproductive.

Malgré tous ces avantages, comme le démontre notre rapport, environ un tiers des jeunes dans le monde – 346 millions – ne sont pas en ligne, ce qui exacerbe les inégalités et réduit la capacité des enfants à participer à une économie de plus en plus numérique. Lors de la célébration de la Journée Internationale des Télécommunication le 17 mai dernier, Moustapha Mamy Diaby, ministre des Postes, Télécommunications et de l’Économie numérique, a annoncé que le gouvernement s’engageait à prendre toutes les dispositions nécessaires pour protéger les populations guinéennes des effets que peuvent engendrer ces nouvelles technologies d’informations et de la communication. Je m’en réjouis. Déjà avec la mise en place de l’agence nationale de la sécurisation des systèmes d’information (ANSSI) et ainsi que l’existence de la loi N° L/2016/037 relative à la cyber-sécurité et la protection des données à caractère personnel, je suis convaincu que la protection des enfants reste une priorité du gouvernement.
En effet, la vulnérabilité des enfants aux risques et aux préjudices, y compris l’utilisation abusive de leurs renseignements personnels, l’accès à du contenu préjudiciable et la cyber-intimidation reste une préoccupation mondiale. La présence omniprésente des appareils mobiles a rendu l’accès en ligne pour de nombreux enfants moins supervisés – et potentiellement plus dangereux. Et les réseaux numériques comme le Dark Web et les crypto-monnaies permettent les pires formes d’exploitation et d’abus, y compris le trafic et l’abus sexuel d’enfants sur Internet.
L’accès à Internet et la protection des enfants en ligne, une priorité, c’est pourquoi j’invite toutes les parties prenantes, gouvernements, le secteur privé, les organisations d’enfants, les universités, les familles et les enfants eux-mêmes, à des actions collectives pour rendre l’espace numérique plus accessible et plus sûr pour les enfants.
Marc Rubin
Représentant de l’UNICEF en Guinée