A la méfiance et au scepticisme que l’idée de la force conjointe du G5 Sahel inspire à certains acteurs de la communauté internationale, Emmanuel Macron, le parrain assumé du mécanisme, oppose un volontarisme et une persévérance à toute épreuve. Véritable étalon de mesure de son efficacité sur la scène internationale, la mise en place et l’opérationnalisation de la force antiterroriste du G5 Sahel sont désormais si chères au président français qu’il ne peut plus voir les points de blocage ou le peu de progrès que rencontre le processus de mobilisation des ressources. Ainsi, adoptant la méthode Coué, il se berce de l’illusion que le sommet d’hier à la Celle Saint-Cloud a été un franc succès. Or, de nouveau contributeur, il n’y en a eu qu’un seul, à savoir les Emirats Arabes Unis qui ont annoncé une enveloppe supplémentaire de 30 millions de dollars. Pour le reste, Emmanuel Macron se raccroche à de nouveaux rendez-vous dont ne sait s’ils ne se solderont pas par le même flop.
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Celle Saint-Cloud, le bilan surestimé ?
Annoncé comme décisif, le sommet de la Celle Saint-Cloud autour du mécanisme de financement de la force sous-régionale du G5 Sahel n’aura réussi qu’à confirmer le caractère laborieux du processus de mobilisation des ressources nécessaires à l’avènement de la force. Ainsi, en dépit du volontarisme et du lobbying affiché d’Emmanuel Macron, la rencontre qui réunissait, entre autres autour du président français, les cinq présidents du Sahel, la chancelière allemande, le premier ministre italien et le président de la Commission de l’UA, n’a enregistré qu’un seul nouveau contributeur : les Emirats Arabes Unis. En ce sens que l’Arabie Saoudite n’a fait que confirmer une contribution qui était déjà comptabilisée. Mais Emmanuel Macron se refuse à voir la réalité en face, en admettant que la dynamique ne prend pas. En lieu et place de cette attitude empreinte à la fois d’humilité et de réalisme, le président français, dans une sorte de fuite en avant, se projette sans cesse dans le futur.
Crainte compulsive de l’échec
Ainsi, le rendez-vous de New York –en marge de l’Assemblée générale des Nations unies- et le sommet d’hier n’ayant pas nécessairement produit les résultats escomptés, il annonce deux nouvelles dates. Tout d’abord, à la mi-janvier, les ministres de la défense des pays du G5 Sahel et de la France devraient se retrouver. Puis, le 23 février 2018, Bruxelles devrait abriter une rencontre dont on espère qu’elle devrait permettre de combler le gap en termes de financement. Sauf qu’au-delà de l’optimisme et du mental d’acier qu’Emmanuel Macron voudrait imprimer à l’ensemble de la démarche, une certaine crainte se manifeste. D’ailleurs, e chef de l’Etat français lui-même en vient à penser la force du G5 Sahel de manière séquentielle. Se heurtant à l’hostilité de quelques partenaires de la communauté internationale, Emmanuel Macron suggère en sourdine que l’on priorise le financement pour la première année. Ce qui, de la part du président français, traduit la crainte compulsive d’un échec qui entacherait immanquablement sa réputation de président fringant et à la capacité de persuasion imparable.
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Renonciation déguisée ?
De fait, sa suggestion est une forme de renonciation déguisée. Par pur réalisme, il met ainsi de côté le caractère pérenne du projet et se recentre sur sa propre image. En gros, à défaut de lancer une initiative durable, il entend mettre de son énergie pour que tout au moins le lancement officiel ait lieu. L’espoir étant qu’il aura réussi à sauver la face et à s’éviter un camouflet particulièrement cinglant. Quant à la suite, ce n’est vraisemblablement plus sa préoccupation. Et la question est celle de savoir si les partenaires du Sahel ont conscience de cette évolution en perspective ?
Boubacar Sanso Barry