La liste des délégués admis au vote ayant été validée, le processus de désignation du successeur de Jacob Zuma à la tête du Congrès national africain (ANC) a commencé la nuit dernière. Une dernière volte-face du parti a annulé le report du vote à ce lundi. Les délégués vont donc choisir entre le vice-président, Cyril Ramaphosa, et l’ancienne présidente de la Commission de l’UA, N’kosazana-Dlamini Zuma. Un duel dont les enjeux dépassent les limites du parti dans la mesure où le vainqueur a de grandes chances de succéder au président actuel, dont le mandat finit dans deux ans.
Ramaphosa, l’espoir du « vrai » changement
Le duel s’annonce serré entre les deux candidats à la succession de Jacob Zuma à la tête de l’ANC. Mais des observateurs prédisent une légère avance pour Cyril Ramaphosa. Dans un contexte marqué par une forte impopularité du président sortant, le vice-président passe pour le plus à même de tourner la page sombre que connait aujourd’hui le parti. D’autant qu’il promet en particulier de sévir contre la corruption qui reste la principale caractéristique de la gestion de Jacob Zuma. Par ailleurs, noir et issu d’un milieu défavorisé, Cyril Ramaphosa incarne aux yeux de nombreux sud-africains le candidat du peuple et non celui de l’élite coupée des préoccupations populaires. Quant à la fortune qui est la sienne, ses partisans considèrent qu’il l’a justement acquise et qu’elle pourrait mettre le vice-président à l’abri de la tentation.
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Dlamini Zuma et le péché mignon
Pour sa part, N’kosazana Dlamini Zuma, l’ex-épouse du président sud-africain symbolise une certaine expérience, y compris celle au niveau international, dans la mesure où elle a été la première femme à diriger la Commission de l’UA. Très politique, elle serait la candidate de la Ligue des femmes et de celle des jeunes du parti. Mais son plus grand péché, c’est son lien et sa proximité, y compris idéologique, avec le président actuel. Les Sud-africains qui imputent à Jacob Zuma tous les déboires que connait aujourd’hui la nation arc-en-ciel redoutent de remplacer un Zuma par une autre Zuma. Beaucoup pensent en effet qu’une fois élue à la tête du pays, Mme Dlamini pourrait se montrer bienveillante à l’endroit de son ex-époux en lui garantissant notamment une certaine impunité.
Enjeux ?
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Au-delà de l’ANC, la désignation du nouveau patron du Congrès national africain risque d’avoir des répercussions sur la gestion même du pays. En effet, c’est le vainqueur du duel en cours qui pourrait remplacer Jacob Zuma dont le mandat à la tête du pays, arrive à terme en 2019. Encore qu’en raison des scandales à répétition mis à jour ces dernières années et du contexte économique marqué par une croissance en chute et un chômage galopant, l’ANC n’abordera pas les prochaines échéances électorales avec la sérénité habituelle. Ne bénéficiant plus de ses alliances classiques avec le parti communiste et la puissante centrale syndicale de la COSATU, d’une part, et de l’autre, fortement ébranlé par le parti des Combattants pour la liberté économique de Julius Malema, l’ANC a perdu de sa superbe. Un des tout premiers défis pour le successeur de Jacob Zuma.
Boubacar Sanso Barry