Deux mois et demi après le premier tour et surtout après un contentieux électoral qui a fait craindre le pire, les 2 millions d’électeurs libériens sont de nouveau conviés aux urnes. Ce mardi, ils devront départager Georges Weah et Joseph Boakai, qualifiés pour ce second tour. A la clé, il y a une première possible alternance qui grandirait un peu plus le pays. C’est donc cela le premier enjeu de ce rendez-vous politique majeur. Mais cela suppose que le scrutin se passe dans les meilleures conditions en termes de sérénité et de transparence, pour que les résultats qui en seront issus ne fassent l’objet d’aucune contestation. Il y va du relèvement du pays qui tente de se défaire d’un passé marqué par une guerre civile des plus atroces et une dévastatrice épidémie à virus Ebola. Deux drames qui auront cumulativement provoqué plus de 250.000 victimes.
Quid de la mise en œuvre des recommandations ?
Le succès du vote de ce mardi au Libéria tient en grande partie à la responsabilité dont la Commission nationale électorale (NEC) aura fait montre vis-à-vis des recommandations formulées par la Cour suprême, dans l’entre-deux-tours. Saisie par Charles Brumskine, arrivé troisième à l’issue du premier tour, l’instance suprême avait certes débouté le plaignant de ses prétentions. Mais reconnaissant des problèmes d’organisation susceptibles de prêter à confusion, elle avait exigé de la NEC la révision sérieuse des listes électorales. Il est donc souhaitable que cette exigence ait été prise au sérieux. Aucune négligence de nature à replonger le pays dans les affres d’une nouvelle crise, ne sera en effet tolérée. D’autant que la situation d’ensemble reste encore très fragile.
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La première alternance ?
L’autre enjeu de ce second tour se rattache au résultat qui en sortira. En effet, les observateurs attendent de savoir si ce petit pays de 4,7 millions d’habitants, parmi les plus pauvres au monde et particulièrement abonné aux crises, s’offrira sa première alternance démocratique. Ayant récolté 38 % des suffrages à l’issue du premier tour, contre 29 % à son challenger, l’ancienne gloire du football, Georges Weah, part favori, pour sa troisième tentative. Mais le candidat des masses populaires qu’il est, sait que rien n’est encore gagné. En face, il n’a pas qu’un candidat, mais une coalition composée de leaders incarnant l’élite descendant des anciens esclaves ramenés des Amériques. Il ne s’agit donc pas d’un face-à-face ordinaire. L’opposition Native contre Congo rappelle David contre Goliath. C’est aussi une bataille entre deux générations. En effet, âgé de 73 ans, l’ancien vice-président, Joseph Boakai, appartient à une génération de politiciens qui tentent de jouer les prolongations. Tandis que le sénateur Georges Weah, à 51 ans, s’efforce d’incarner une nouvelle génération de leaders, se voulant plus managers que politiciens.
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L’ancien vice-président étant comptable du bilan plutôt mitigé de la présidente sortante, le choix parait plus facile. Mais en matière électorale, il faut faire preuve de prudence avec les pronostics. Surtout quand il s’agit de l’Afrique où les données les déterminantes ne sont pas toujours celles que nous percevons à première vue.
Boubacar Sanso Barry