Pour lui, le trajet n’aura été ni linéaire, ni facile. Mais George Weah, à force de persévérance, a réussi le défi qui était de partir du terrain de football, pour arriver au palais de la présidence de la République. A 51 ans, l’ancienne star des clubs français du PSG et italien d’AC Milan, avec sa large victoire proclamée hier, offre au Libéria, une alternance démocratique qu’il attend depuis plus de 70 ans. Dans la foulée, le fils des bidonvilles qu’il est, rompt l’espèce de monopole que l’élite d’origine américaine, exerçait sur la gestion du pays depuis des lustres. Mister George, comme l’appellent affectueusement ses fans, doit toutefois s’empresser de tourner le dos au triomphalisme. En raison des nombreux défis qui attendent, il n’a pas de temps à perdre. D’autant que les Libériens, encore traumatisés par une guerre civile ayant fait quelques 250.000 victimes, ont mené ce processus électoral dans la paix et la quiétude.
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Empreintes particulières
C’est peut-être trop tôt pour se laisser aller à des affirmations d’ordre général au sujet des résultats de l’élection libérienne du mardi dernier. Cependant, nous nous devons de relever cette tendance du Libéria à marquer sa propre histoire d’empreintes somme toute particulières. En effet, ce petit pays parmi les pauvres du monde, avait déjà en 2006, surpris le monde entier en élisant à sa tête la première présidente du continent africain. Et voilà que désormais cette dernière transmettra le flambeau à une ancienne gloire du football que rien ne prédisposait à ses futures fonctions. Un nouveau président dont le plus grand mérite réside dans la persévérance et la constance dans la bataille politique.
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Une victoire en forme de récompense
En effet, alors qu’aucune formation, encore moins une expérience ne laissait présager du destin qui est désormais le sien, George Weah, depuis qu’il a raccroché les crampons, n’a qu’un seul agenda : la conquête du pouvoir dans un pays qu’il a autrement servi de son patriotisme. Des quolibets et des railleries, il en a récolté des tonnes, y compris jusqu’au dernier jour de la dernière campagne électorale. Mais il ne s’est jamais laissé distraire. Des échecs, il en connait aussi quelques rayons. Mais à chaque fois, il s’est relevé et a poursuivi résolument la bataille. On lui reconnait aussi de n’avoir jamais laissé la passion travestir ses idéaux. Ainsi, même quand son échec paraissait controversé, il s’est abstenu de recourir à des voies autres que celles des élections pour venir au pouvoir. Sa victoire sonne ainsi comme une récompense méritée.
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Les défis du nouveau président
Elu avec une confortable avance, George Weah n’aura pas cependant droit à l’autocélébration. Focalisant les espoirs de ses compatriotes, il doit très vite se mettre au travail. D’autant qu’il doit certainement savoir que les choses ne risquent pas d’être aussi faciles que ce fut le cas sur un terrain de football. D’une part, comme avec les supporters qui l’ont applaudi durant sa brillante carrière de footballeur de haut niveau, le soutien de ses compatriotes dépendra essentiellement des résultats qu’il engrangera. D’autre part, à la différence du football où les victoires sont généralement définitives, en politique, elles sont toujours relatives. Les adversaires embusqués, attendront toujours le moment le plus propice pour sortir du bois. Mais au-delà de tous ces aspects, les Libériens ont des attentes légitimes. Au nombre de ces dernières, on a la consolidation du processus de paix et la réhabilitation du tissu infrastructurel du pays dévasté par 14 ans d’une guerre civile parmi les plus atroces que le continent ait enregistrées. A l’image du drame humain et social que l’épidémie à virus Ebola a provoqué dans le pays, le nouveau président doit également s’attendre à des défis colossaux sur le plan social, y compris l’éducation. Mais par-dessus tout, les Libériens attendent de George Weah qu’il en finisse avec la gangrène de la corruption, qui demeure le marqueur principal du bilan de la présidente sortante. En effet, ce fléau une fois enrayé, le Libéria pourra profiter de ses immenses potentialités minières et agricoles pour s’attaquer aux autres enjeux de son développement socioéconomique.
Boubacar Sanso Barry