La Guinée, à l’instar des autres pays du monde célébrait ce mardi 1er mai 2018, la fête internationale du travail. Mais comme cela se fait depuis des années, l’esplanade du palais du peuple était le point de ralliement du monde ouvrier. Là, en face du premier ministre, les leaders syndicaux ont fait part de leurs griefs et ont remis leur cahier de doléances. On notait la présence des syndicalistes du secteur, ceux des entreprises privées, mais aussi des départements ministériels. Même le camp Aboubacar Soumah, du syndicat des enseignants et dont les rapports avec les autorités ne sont pas au beau fixe, était de la partie.
« Si nous souhaitons un regard critique sur les différents cas de crises, nous sommes en droit de nous interroger sur les défis qui engrangent la bonne marche de notre pays », a déclaré Amadou Diallo, Secrétaire général de la confédération nationale des travailleurs de Guinée. Selon lui, cette journée est une occasion de marquer une pause et de partager leurs visions communes. « C’est la marche à suivre en vue d’assurer un lendemain plus heureux pour nous tous, car la source profonde de toutes les frustrations viennent du fait que les préoccupations essentielles des uns et des autres ne sont pas prises en compte dans les politique du pays », a-t-il dit.
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Au titre des acquis, Amadou Diallo dénombre le changement de la valeur monétaire du point d’indice salarial qui est passée de 698 à 977 pour tous les fonctionnaires en général et de 751 à 1030 pour l’éducation et la santé, l’augmentation de salaire de 80% pour tous les enseignants, l’obtention de deux mois d’indemnité de départ en faveur des enseignants qui ont fait valoir leur droits à la retraite, la reprise des activités de l’usine ‘’forêt forte’’ à N’Zerékoré, après une tentative de fermeture, la prise en charge effective en novembre 2017 de 5.565 jeunes engagés à la fonction publique depuis 2012, la valorisation des pensions, etc.
Saisissant la balle au bond, Hadja Gnouma Traoré, présidente de la Confédération patronale des travailleurs de Guinée a invité les autorités à prendre les mesures nécessaires pour le soutien du Conseil national de dialogue social. En réponse, Albert Damantang Camara, porte parole du gouvernement, a noté l’engagement des autorités à promouvoir les principes et droits fondamentaux du travail.
Dans son discours de circonstance, le premier ministre Mamadi Youla, président d’honneur de la cérémonie a d’abord regretté la désunion au sein du mouvement syndical, avant de rappeler : « notre pays a malheureusement été perturbé par des mouvements syndicaux, parfois incontrôlés, au cours de l’année écoulée. Il a fallu remettre en cause les avancées majeures pour favoriser le compromis ».
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Bien entendu, le chef du gouvernement faisait allusion à la grève du Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) qui, en février dernier, avait contraint le gouvernement à concéder l’augmentation à hauteur de 40 % des salaires à tous les fonctionnaires. Justement, il faut dire que le gouvernement ne semble toujours pas avoir digéré cet affront de la part du camp d’Aboubacar Soumah. C’est ainsi que ce dernier n’avait pas été invité à prendre part à la cérémonie. Mais il s’y était invité tout même. Sauf qu’il a été empêché de serrer au premier ministre. Une attitude que relativise l’intéressé : « Qu’on nous empêche de serrer la main aux autorités, peu importe. L’essentiel pour nous, c’est que nous avons participé à cette fête et que nous avons partagé la joie avec l’ensemble des travailleurs ». Toutefois, Aboubacar Soumah appelle les autorités à favoriser un partage équitable de la chose publique, mais aussi la justice sociale qui, à ses yeux, sont les seuls garants de la paix sociale.
Hawa Bah