Alors que le mois de jeûne musulman (ou ramadan) s’achemine allègrement vers son terme, notre rédaction choisit de s’intéresser à une des caractéristiques de cet acte foi. Il s’agit de la générosite. D’une certaine façon, les humains se témoignent la solidarité et la générosité, indépendamment du mois de ramadan. Mais entre les fidèles musulmans, ces valeurs prennent un sens particulier durant ce mois de pénitence. Bref, ramadan rime avec partage.
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Il est 16 heures à Bonfi, ce mardi 29 mai 2018. Dans sa cuisine, Fatoumata Diawara, 24 ans, prépare le repas de la rupture du jeûne. « Du to, du riz, de la bouillie », énumère-t-elle. Le Ramadan, dit-elle, c’est toute une organisation à mettre en route après une journée de travail et de privation. « Le soir, on a envie de tout ! Ça demande du temps et de l’argent », explique-t-elle.
Le ramadan, pour les musulmans, est un mois convivial, de partage et de générosité. « En plus de la consommation familiale, je prépare un ragout avec des pommes de terre pour ma belle-famille qui vit à Sangoyah », se targue Fatoumata. A l’image de cette jeune dame, beaucoup profitent de ce mois saint pour apporter des repas en offrande aux personnes qui leurs sont chères ou qu’ils savent dans la nécessité.
Environ, 19 heures à Lansanaya, un quartier de la haute banlieue de Conakry. Des centaines de fidèles musulmans rallient la grande mosquée du quartier. Dans quelques minutes en effet, c’est la rupture du jeûne. Une trentaine de minutes plus tôt, des plats de toutes sortes et des boissons avaient été déposés par les familles riveraines.
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Après la prière, quelques pères de familles se sont soustraits de la masse pour rejoindre leurs domiciles. Les autres fidèles, y compris le grand imam et ses disciples, se sont mis en petits groupes pour partager les repas fournis par le voisinage. Les groupes étant composés sur la base des préférences alimentaires. Quant à eux, les jeunes garçons et filles de l’Association des fidèles, se sont chargés de repartir les repas entre les groupes. « La majeure partie de ceux qui amènent à manger et à boire, ne sont même pas là. Ils viennent en aide à ceux qui ne sont pas en mesure de s’offrir une nourriture digne de la rupture du jeûne », explique Younoussa Bah, vice-président de la jeunesse.
Parmi les fidèles présents ce soir-là, il y a Moumini Barry, un quadragénaire. Il était de passage, en provenance de son atelier situé à un kilomètre là, quand il a été invité humblement à se joindre à un groupe autour d’un plat de bouillie. « Venez rompre le jeûne. C’est l’heure de l’iftar », lance un jeune. Invite qu’il accepte avec reconnaissance.
« Je n’ai pas pu être à la maison à temps à cause de l’embouteillage», dit-il sourire aux lèvres. Comme lui, beaucoup d’autres passants qui se précipitaient à rejoindre le domicile familial après une journée laborieuse, sont invités à rompre avant de continuer. « Selon les hadiths-les paroles attribuées au prophète Mahomet- qui offre un iftar sera récompensé au paradis », affirme El hadj Ousmane Camara, muezzin.
A 500 mètres de là, devant sa demeure, située en bordure de route, la famille Diallo a pris le soin de disposer divers plats ainsi que de l’eau fraiche et des jus de fruit, sur des tapis étalés à même le sol. Là aussi, les passants sont invités à boire de l’eau ou du jus à avaler quelques cuillérées de bouillie avant de poursuivre la route. « Ce n’est pas qu’ils manquent de moyens, c’est parce qu’ils sont encore loin de leurs familles. Il m’arrive aussi de couper le jeûne en cours de route », explique Mouctar, chef de famille.
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Pendant ce temps, à Kountia dans la périphérie de la capitale, 5 familles issues de différentes préfectures du pays, en plus des célibataires vivants dans la même concession qu’elles, sont réunies autour des repas. D’un côté les hommes, de l’autre les femmes. « Depuis le début du mois de ramadan, chaque ménage apporte son repas sous m’a véranda. Ensemble, nous prions et procédons à la rupture du jeûne », explique le vieux Amara Conté, concessionnaire. L’idée, selon lui, est de renforcer l’entente et l’harmonie entre la vingtaine d’habitants de la cour. « Organiser la rupture collective du jeûne est une tradition dans ma concession », confie-t-il. Cette tradition, dit-il, est un objet de fierté et un devoir religieux.
Gilles Mory Condé