Ainsi donc, le président Alpha Condé, poussé par le premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, a fini par réagir. Une fois n’est pas coutume, le chef de l’Etat n’a ni fait les choses à moitié, ni dans la dérobade. Allant à l’encontre du militantisme politique, il prend des sanctions contre Paul Moussa Diawara, un allié, et Sékou Camara, un responsable de son propre parti. Résultat ? Dans les rues de Conakry, dans les cafés, via les radios et sur les réseaux, tout le monde semble apprécier. C’est dire que pour une fois, l’acte agrée le peuple.
L’hirondelle ne fait certes pas le printemps, dit un adage. Toutefois, les Guinéens avaient tant réclamé la fin de l’impunité qu’ils semblent prêts à célébrer comme une révolution le premier acte posé dans ce sens. Parce qu’il faut bien le dire, dans la gouvernance Alpha Condé, le décret d’hier est sans précédent. En théorie, il s’était toujours présenté en chantre de la transparence dans la gestion de la chose publique. Mais dans son entourage et au-delà dans l’administration guinéenne, beaucoup étaient allègrement passés outre. Agissant davantage en grand-père qu’en président de la République, il avait jusqu’ici préféré regardé ailleurs. Et même quand, en de rares fois, il menaçait de faire pleuvoir des sanctions, la montagne n’accouchait que d’une petite souris.
Mais en ce jeudi 7 juin, c’est à la grande artillerie qu’on a eu droit, avec révocation, poursuites et motivations de la sanction. Pourvu que cela dure, serait-on tenté de dire. En effet, si la publication de ce décret est un mérite qu’il convient de reconnaître à Kassory Fofana, il y a qu’il récolte les fruits d’un travail du précédent gouvernement. Aussi, il lui revient ainsi qu’à son nouveau gouvernement, de partir de ce premier exemple pour généraliser et systématiser la lutte contre la corruption. Qu’ils fouillent partout et qu’ils dénichent les administrateurs indélicats. Ensuite qu’ils soient tout aussi courageux pour rendre publics les résultats des prochaines investigations et que des sanctions soient conséquemment prises. En cela, ils pourraient aider à renouer le fil entre un peuple et ses gouvernants. Autrement, ils pourraient passer pour de lâches récupérateurs !
Boubacar Sanso Barry