La Coupe du monde, la plus grande fête planétaire du football, commence ce jeudi 14 juin en Russie. Au nombre des 32 équipes en lice, 5 représentants africains qui vont tenter de briser le plafond de verre pour se hisser en demi-finale. Mais à quelques heures du top départ de la compétition, l’Afrique débat moins des chances de ses représentants. Sur le continent, il est encore question du Congrès de la Fifa d’hier. Congrès au cours duquel les 200 fédérations qui composent la planète football devaient choisir les organisateurs de l’édition 2026 de la Coupe du monde. D’un côté, on avait le Maroc et de l’autre, le trio Etats-Unis-Canada-Mexique. Et à l’arrivée, c’est le ticket #United2026 qui l’a emportée à 134 voix contre 65 pour le royaume chérifien. Cependant, ce ne sont ni la défaite du Maroc, ni l’ampleur de celle-ci qui font jaser sur le continent. L’opinion publique africaine se demande plutôt pourquoi 11 pays africains ont fait le choix de l’Amérique du nord au détriment du voisin maghrébin qui vient pourtant de réintégrer l’Union africaine. Et l’incompréhension est encore plus manifeste face au choix opéré par le Benin et la Guinée.
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L’excuse guinéenne
Devant le tollé qui a suivi la publication des résultats par la Fifa, le président de la Fédération guinéenne de football s’est empressé de se trouver une excuse. Selon Antonio Souaré, son vote a été détourné par une « erreur technique ». A l’appui de cette justification, il rappelle qu’il était lui-même ambassadeur de la candidature du Maroc. Mais il faut le dire tout net, le représentant guinéen peine à convaincre grand-monde. Tout d’abord parce qu’il est comme par enchantement le seul à invoquer la défaillance technique. Ensuite, parce que l’opinion publique guinéenne, outrée par cette singularité des plus humiliantes pour le pays, ne semble prête à entendre aucune excuse. Se mettant à la place du Maroc, les Guinéens crient à la trahison vis-à-vis d’un pays qui aura été généreux et solidaire avec eux. Ils rappellent à propos que seul le pays de Mohamed VI avait, du temps de l’épidémie à virus Ebola, alors que la Guinée était stigmatisée partout ailleurs sur le continent et à travers le monde, offert son sol pour permettre au Syli national de recevoir ses adversaires. Poignarder un tel ami dans le dos, n’honore pas la Guinée. Et c’est d’autant plus rabaissant pour le pays d’Alpha Condé qu’à la trahison, on semble rajouter la lâcheté.
L’unité africaine, une hypocrisie
Toutefois, au-delà du cas spécifique de la Guinée, c’est de l’unité africaine dont il est question. Certes, 45 des 56 fédérations africaines ont donné leurs voix à la candidature marocaine. Mais ce n’est pas suffisant. Que 11 pays africains aient choisi le camp adverse, est inacceptable. Une telle attitude est en effet révélatrice de l’hypocrisie qui caractérise l’idéal unitaire du continent. En effet, comment peut-on désormais croire au discours qu’on nous tient sur l’unité africaine ? Comment peut-on y croire, alors qu’au panafricanisme, certains préfèrent le guignol qui n’a pas hésité à traiter l’Afrique de « pays de merde » ? Comment peut-on y croire quand des pays lointains comme la France et le Brésil sont manifestement plus enclins à défendre les intérêts du continent que les 11 judas qui ont ainsi vendu leurs âmes à vil prix ?
L’Algérie, le bel exemple
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Encore que ce n’est pas une première. L’Afrique avait offert le même spectacle affligeant quand Sarkozy et sa clique de l’Otan ont assassiné Kadhafi. Mais pour revenir au cas du Maroc, il y a tout de même un motif d’espoir. Il nous est donné par l’Algérie qui, par son choix, aura démontré qu’on peut transcender les divergences internes pour faire triompher l’intérêt général de l’Afrique. Pourvu que les autres puissent s’en inspirer !
Boubacar Sanso Barry