Si dans notre précédente publication, le président de la République a donné l’impression d’être conciliant avec les sociétés minières dont Rusal, il n’en est rien en réalité. Tout au contraire, le président Alpha Condé a mis à profit son déplacement de ce jour dans la région de Boké pour dénoncer un certain nombre de tares qui, manifestement, sont à la base des nombreuses frustrations ayant engendré des convulsions sociales dans la région. Visiblement briefé sur certaines pratiques inavouables dont se rendent coupables aussi bien certaines compagnies que des sous-traitants trop gourmands, Alpha Condé est sorti de ses gongs. Et comme il fallait s’y attendre, il s’est lâché…
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Sa première mise en garde, le chef de l’Etat l’a réservée aux populations riveraines des exploitations minières. Ne s’embarrant d’aucune subtilité, Alpha Condé s’adressant aux citoyens, a demandé que cesse la pagaille :
A la population de Boké et de Boffa, nous ne voulons plus de pagaille. Nous allons renforcer les forces de sécurité et la justice va s’appliquer. Il y a beaucoup de délinquants qui viennent à Boké et à Boffa pour faire la pagaille. Désormais, toute personne qui sera arrêtée, sera condamnée et il n’y aura pas de droit de grâce. Que ce soit très clair pour tout le monde ! Donc, nous allons assurer la sécurité des sociétés minières parce que Boffa et Bokè sont le poumon du développement de la Guinée. Nous n’allons pas permettre que ce poumon soit pollué.
Se tournant ensuite vers les compagnies minières, il a, dans son franc-parler habituel, et prenant à témoin le ministre des Mines, fait part de son insatisfaction : « J’ai fait mes enquêtes avant de venir. Le contenu local, M. le ministre, n’est pas appliqué, il y a de très grands scandales »
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Alpha Condé dénonce vertement une certaine opacité qui caractériserait l’attribution des marchés dans le cadre de la sous-traitance :
Un certain Alpha Yaya Kaba qui n’a que 19 camions, utilise 630 camions, à lui seul. On va mettre fin à ça. Les 630 camions seront distribués aux autres opérateurs économiques et aux jeunes du Groupement d’intérêt économique. Je vous assure que les 630 camions d’Alpha Yaya Kaba, d’ici un mois, seront arrêtés, s’ils ne sont pas mis à la disposition des populations. C’est très clair. Deuxièmement, la société UMS ne peut pas avoir le monopole du transport. Je préviens UMS que cette pagaille est finie. Ses camions vont diminuer.
Le président de la République est également irrité par des pratiques de corruption de la part d’intermédiaires qui se beurreraient au détriment de ceux qui travaillent :
Très souvent, ce que la société paye pour les camions n’est pas ce qui est payé aux gens qui sont sur les camions. Désormais, tous les gens qui roulent les camions doivent avoir un contrat direct avec la société. Plus de sous-traitant. Ensuite, les chauffeurs ne sont pas bien payés. C’est pourquoi ils n’ont pas beaucoup d’emplois. Par exemple, Alpha Yaya Kaba n’utilise que 8 personnes pour le carburant. De qui se fout-on ?
Dans la foulée, le président s’en prend aux administrateurs territoriaux : « M. le gouverneur, M. le préfet, vous êtes là mais comment de telles choses peuvent être possibles. Alors qu’une simple enquête peut aider à connaître cela. Alors, si Alpha Yaya Kaba a des complices, tant pis pour eux. Ce monopole va être cassé et il n’utilisera que ces 19 camions ».
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Se penchant aussi sur le contenu local, Alpha Condé dénonce ce qui s’apparente un refus de promouvoir les cadres guinéens ;
Il y a des postes qui doivent revenir aux Guinéens. Pourquoi dans certaines sociétés, toutes les directions de ressources humaines sont aux mains des étrangers. Pourquoi ? Est-ce qu’il n’y a pas des Guinéens qui peuvent assumer ces fonctions ? Comment voulez-vous que ces gens puissent travailler et comprendre les populations. C’est un cadre guinéen qui peut mieux comprendre les Guinéens. Les directions des ressources humaines doivent revenir à des Guinéens, ça va être clair pour toutes les sociétés minières. M. Le ministre des Mines, si vous n’avez pas fait votre travail, moi je vais le faire à votre place.
No comment !
Balla Yombouno