C’est de Kindia que l’on redoutait des troubles en ce lundi, ultime journée de la série de manifestations que le FNDC organise depuis la mi-octobre contre le projet de nouvelle constitution que porte le président Alpha Condé. Le chef de l’Etat faisant coïncider sa venue dans la ville des agrumes à la marche de l’ultimatum du front anti-troisième mandat, on craignait des accrochages entre partisans des deux camps. Mais de côté-là, aucun incident. Par contre, à Kankan, capitale de la Haute Guinée, on a paradoxalement enregistré des incidents. Paradoxe parce que personne ne s’y attendait. Aucune manifestation contre la nouvelle constitution n’y ayant été organisée depuis le début de ce débat sensible. Autant dire que les événements de ce lundi au quartier Missira ont pris tout le monde de court. Tout le monde, sauf quelques leaders de l’opposition, à l’image d’Aliou Bah, du MoDeL. En effet, le jeune leader pense que les incidents de Kankan obéissent à une stratégie murie et savamment construite autour de la division des Guinéens sur des bases subjectives. Relevant d’une approche aussi vieille que la pratique politique, la stratégie consisterait à monter les Guinéens les contre les autres, pour casser la dynamique de contestation unitaire. Un piège contre lequel Aliou Bah met en garde les Guinéens. Il les appelle pour cela à la hauteur de vue et à la sérénité.
De fait, pour le leader du MoDeL, ce à quoi on a assisté ce lundi à Kankan trouve son origine dans le discours d’Alpha Condé du 24 mars 2019, au siège de son parti. Discours dans lequel, rappelle Aliou Bah, le président de la République demandait à ses partisans de se préparer à l’affrontement, si nécessaire. De ce précédent, estime Aliou Bah:
Nul besoin de démontrer qu’il porte la responsabilité de toutes les violences qui en découlent car L’Etat qu’il a domestiqué et ses militants qu’il manipule par l’argent et l’appétit du pouvoir, ne font qu’obéir à ses souhaits en suivant ainsi ses directives.
Des manœuvres qui, elles seules, selon le président du directoire provisoire du MoDeL, expliquent l’échec du président à « convaincre sur son projet de coup d’État constitutionnel » et le malaise que lui impose la pression intérieure et extérieure. Le président de la République et son clan tenteraient, dit encore Aliou Bah, de « jouer une dernière carte : l’ethnicisation de la lutte républicaine contre sa forfaiture; c’est à dire utiliser la violence pour espérer opposer les communautés afin de se trouver une brèche où engouffrer son projet mort-né ».
« C’est mal connaître l’état d’esprit citoyen qui s’est construit contre sa gouvernance haineuse et mafieuse », s’empresse de rétorquer l’opposant. Qui poursuit : « le niveau de détermination de l’ensemble du peuple de Guinée à combattre son projet funeste est de sorte qu’à partir du 13 janvier 2020, le droit constitutionnel à la résistance face à l’oppression dictatoriale prendra le dessus avec toutes les actions que cela requiert ».
En attendant, Aliou Bah dit exhorter le peuple à « se ressaisir et garder sa sérénité pour ne pas tomber dans le piège et la manipulation des putschistes en perte de repères ».
La rédaction