Vingt-quatre heures après la journée mouvementée de ce 6 janvier à Kankan, avec à la clé ces violences ayant entrainé le pillage de certains commerces et l’attaque du siège de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) et provoqué des blessés dans le quartier Missira, les victimes en sont à dresser le bilan des pertes et à panser leurs plaies. Du côté des autorités, l’heure est aux condamnations des actes d’agression et de vandalisme et aux appels au calme et à la retenue.
« Je ne pouvais sauver que ma peau »
Ce mardi 7 janvier, les victimes dont les commerces ont été vandalisés à Kankan étaient encore sous le choc. Parmi eux, beaucoup ne réalisaient pas encore ce qui leur est arrivé. Perdus dans l’inventaire des pertes, ils s’interrogeaient sur les mobiles de leurs pilleurs.
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En face de la station totale du quartier Missira, un kiosque a littéralement été mis à sac par les manifestants. Impuissant, le malheureux propriétaire, assis devant ce qui reste de son kiosque, relate sa mésaventure. « Quand tout a commencé, j’ai d’abord essayé de prendre quelques biens que je pouvais mettre à l’abri. Et j’en étais à cela quand, les voyant arriver vers moi, j’ai réalisé je ne pouvais que sauver ma peau », confie Oumar Bah. Qui poursuit : « Ils sont venus prendre tout, rien n’est resté après leur départ, même mon frigo, mon écran plat, tout est parti ». Pourtant, le fait d’avoir été dépouillé de tout, ce n’est pas ce qui fait tant mal à Oumar. « Ce qui me touche le plus, fulmine-t-il, c’est que tout s’est passé au vu et au su des hommes armé. ». A notre correspondant, il confie ne pas pouvoir estimer la perte totale qu’il a subie. Il sait simplement que sa caisse était remplie de téléphone. Quant à l’argent liquide qui a été dérobé, il estime le montant à plus de 10 millions.
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Mamadou Oumar Barry lui aussi était propriétaire d’un kiosque d’une société téléphonique de la place. Comme Oumar, il a reçu les visiteurs indésirables de ce lundi 6 janvier. La trentaine, la victime qui s’est confiée à notre correspondant en est totalement désemparée. « Ce que j’ai perdu hier est le fruit de plus de dix années d’économie », indique-t-il. Avant d’ajouter : « je nourrissais ma famille et mes parents de cette activité, mais tout cela est parti, j’avais des téléphones, des chargeurs en vente et autres accessoires, tous emportés ». Il trouve toutefois la lucidité pour formuler des doléances en direction des autorités : « j’espère que nos autorités joueront leurs rôles pour que justice soit faite car cela n’est pas bon pour l’image de notre pays ».
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L’acte ne restera pas impuni
Justement, ce mardi très tôt le matin, les autorités de la préfecture de Kankan ont convoqué une réunion de crise qui a regroupé les autorités elles-mêmes, les forces de l’ordre et autres acteurs de la vie socio-politique de la ville. A la sortie de cette réunion ; le préfet Aziz Diop a promis que l’acte du lundi ne restera impuni et que toute la lumière sera faite.
Il est à préciser que la ville reprend progressivement son cours normal bien que certaines boutiques sont restées fermées toutes la journée et que beaucoup ont conséquemment déploré la pénurie des aliments de première nécessité dont le pain, resté introuvable toute la journée de ce mardi.
Michel Yaradouno
Correspondant régional
Tel :620 99 70 57/ 655 18 52 80