Personne n’en a cru à ses yeux. Même pas les bénéficiaires ! Et pourtant, Kaba Konaté – un homme âgé d’un peu plus de 40, sans aucun signe de pouvoir surnaturel- vient de le faire : mine de rien, soigner des personnes gravement malades et totalement désespérées, l’ une depuis plus de 20, qu’il a croisée alors qu’il se promène à tout hasard dans le quartier, comme tout le monde.
Le scénario se produit ce 23 décembre 2019 à Kounthia Plaque, quartier situé non loin du Km 36. Il est 11h ce jour-là, quand un cri des plus assourdissants envahi un groupe de jeunes, assis au cafétéria qui fait face à la route. De sursaut, tout le monde se lève, se rend dans la concession d’où vient le cri et tombe sur un fait que personne n’aurait imaginé. En effet, un jeune devenu fou depuis plusieurs années et attaché depuis tout ce temps, a réussi à se débarrasser des chaines qui le liaient pour sortir de sa chambrette et s’emparer d’une hache. Et dans la cour, c’est le sauve-qui-peut. Les femmes se sont enfermées dans la cuisine et appellent au secours !
Alors que le malade, avec la hache, se dirige vers la porte d’entrée, le groupe de jeunes, venu pour l’intervention, se disperse aussitôt. Et une fois hors de la cour, le fou tombe sur un inconnu, un homme d’un peu plus de quarante ans. Simbo Kaba Konaté, c’est son nom, ne panique pas. Difficile d’expliquer ce que ce dernier a dit ou fait ! Toujours est-il qu’arrivé à son niveau, le jeune malade -qui avait pourtant pris l’élan de lui administrer un coup de hache- se calme, laisse son assommoir à terre et s’écroule. Personne n’en croit à ses yeux !
Du coup, Kaba Konaté, en culotte de couleur kaki, assorti à un tricot bleu, se met à caresser sa tête, murmurant des incantations qu’aucun des observateurs qui s’approchent progressivement de lui ne réussit à raconter. Toutefois, c’est devant plusieurs personnes que le jeune malade se réveille et appelle sa maman qui, elle aussi, se trouve alitée. « Il était tout possédé, mais ça va aller dorénavant », explique Konaté, avant de promettre de remédier au mal du jeune N’famoussa dans un délai de 7 jours. « Il est effectivement revenu la nuit avec des écorces et nous les avons utilisées comme il a indiqué. Il m’a dit que moi j’avais une maladie naturelle et m’a donné des produits », raconte Mme M’balia Camara. Avec enthousiasme et satisfaction, elle ajoute : « aujourd’hui, mon fils se porte bien même s’il ne se souvient pas de sa vie durant les 10 dernières années. En ce qui me concerne, vous comprendrez que je ne pouvais pas être dehors, si je ne me portais pas bien.» Pour lui, cet homme est un envoyé de Dieu : « mon petit frère qui travaille au port lui a apporté un million de nos francs, il n’a juste pris que 200 milles avec notre insistance. »
« On voyait passer ce jeune depuis quelques temps mais , personne ne se doutait de sa qualité de féticheur attitré », affirme un confrère qui, pour avoir été dans le groupe de jeunes qui se trouvait au cafétéria au moment des faits, nous a permis de recouper toutes ces informations. Aujourd’hui responsable d’un organe de presse respecté du pays, il révèle avoir été, lui-même, victime d’une maladie durant de longues années : « j’ai été attaqué par cette maladie dont j’ignore le nom en 1996. » Cette année-là, explique-t-il, mon corps m’a ressemblé à une fourmilière : « c’est comme si des fourmis se promenaient dans mon corps. » Entre-temps, raconte le confrère, un furoncle a poussé sur sa jambe et y a laissé une plaie, vers laquelle tous les trucs qui sillonnent dans son corps convergent : « un liquide blanchâtre en sortait à tout moment.»
Plus grave, précis-t-il, dans les hôpitaux, aucun médecin encore moins un appareil ne réussit à identifier cette maladie : « un jour, Dr Karamba de l’hôpital Donka m’a conseillé de voir un guérisseur traditionnel .»
Au premier village où le confrère se rend, un vieux guérisseur lui confirme qu’il est victime d’un mauvais sort, jeté par un de ses ennemis. « Après plusieurs mois de traitement, la plaie s’est refermée mais ces fourmis ont continué à rouler dans mon corps. Après, j’ai rencontré plusieurs féticheurs de renom dans la région et d’ailleurs, en vain. Je suis rentré à Conakry où j’ai continué à me battre jusqu’ici », dit-il.
Plus le temps passait, plus il désespèrait : « j’en étais venu à la conclusion que je devais vivre avec cette maladie jusqu’à mon dernier jour. Pour une première fois en 24 ans de maladie, je commençais à être incapable de faire certains travaux physiques. Toutes mes articulations étaient remplies de ces trucs .»
Ainsi après avoir vécu ce premier miracle de Kaba Konaté, il se met à sa recherche dans le quartier. Et n’en sort pas déçu : « il vient d’arriver du village, peu de gens le connaissent. Ce fut ma seule difficulté. » Et quand il rencontre Simbo Konaté, pour une seconde fois désormais, le confrère hésite : « il était encore plus simple, plus ordinaire.»Dans l’incertitude, il voit garer une voiture , à bord une personnalité du pays : une femme qui semblait avoir des problèmes dans son service. « C’est un problème récurrent pour lequel il est souvent consulté », témoigne une dame, venue consulter Konaté par rapport à la situation de son frère en Europe. Elle habite non loin de là et témoigne : « pendant la nuit, des grosses cylindrées sont très fréquentes ici. Mais ce monsieur est très malin, il s’arrange à ce que les personnalités ne se croisent. »
Après que cette visiteuse ait pris congé de lui 30 minutes plus tard, notre confrère interpelle Simbo Konaté et lui explique son problème. Ce dernier l’amène dans une chambre et commence à jouer avec une quantité de sable étalée sur le sol : « il a levé sa tête et m’a dit qu’il traite ma maladie dans les 10 jours qui suivent, si je respecte ses consignes en utilisant ses produits. Il m’a remis des feuilles d’arbres et des écorces à faire bouillir et boire la solution pendant 7 jours. Je lui ai demandé le coût, il m’a dit de revenir quand je serai satisfais», raconte le journaliste.
Aujourd’hui, cet homme de média ne cache pas sa joie : « cet homme est exceptionnel. Après avoir dépensé beaucoup d’argent et perdu assez de temps sans gain de cause, c’est lui qui vient me libérer et me redonner de l’espoir. » Dans la foulée, il lance : « avant le documentaire que je compte faire personnellement sur lui, j’invite toute personne ayant des problèmes de santé d’origine inconnue à consulter ce monsieur. Peut être que quelqu’un d’autre y trouvera sa guérison. » Et, à notre demande, il donne l’adresse du Simbo : « il est en séjour chez son ami qui réside à kounthia »
Interrogé, Simbo se montre plutôt modeste : « chacun à son domaine de compétence. Mais je vous assure que j’ai des maitres qui peuvent faire mieux que moi. Je ne suis qu’un enfant !
IKB