En annonçant ce mercredi l’ouverture de la campagne électorale, le président Alpha Condé a, d’une certaine façon, pris de court ses opposants et même la communauté internationale, selon certaines sources. D’autant qu’il confirmait à ceux qui en doutaient encore sa détermination à tenir les législatives à la date du 16 février 2020, sans l’opposition, et en dépit de la contestation à laquelle il fait face sur le terrain. Et bien sûr, au sein de l’opinion, cette option présidentielle donne lieu à des avis partagés. Si parmi ses partisans, on applaudit des deux mains, chez ses opposants, ceux qui envisagent que le président puissent aller au bout de la logique prophétisent déjà un recul démocratique. C’est notamment ce que pense El Hadj Mady Kaba, coordinateur régional du Parti de l’espoir pour le développement national (PEDN) dans la région de Kankan. Il s’est confié au micro de notre correspondant sur place.
Le responsable du parti de Lansana Conté rappelle tout d’abord que le code électoral a bien spécifiquement comment étape du processus électoral devrait être franchie. « Nous avons un code électoral dans notre pays qui devrait normalement être notre boussole, du début du recensement, au jour J de l’élection, en passant par l’étape de la fixation de la caution », confie El Hadj Mady Kaba. Mais selon lui, les autorités ont laissé de côté ce chemin bien balisé pour se livrer à une « véritable catastrophe et une violation fragrante de nos lois, et cela pour respecter les désidérata du chef de l’Etat ».
Il avertit néanmoins : « organiser une élection en Guinée sans les principaux partis politiques sera un recul dans le processus démocratique dans lequel notre pays s’est engagé depuis un plus de 20 ans ». Sans oublier, dit-il que « cette élection sera tout sauf transparente et inclusive ». .
Très loin d’une telle opinion, nombreux sont les militants du parti au pouvoir qui, saluant la décision du président Alpha Condé, banalisent la non-participation des principaux partis de l’opposition à l’élection. Car, estiment-il, seul le RPG- AEC peut sauver la Guinée.
Michel Yaradouna