Comme dans un air de campagne, le président Alpha Condé s’est posé ce mercredi en ardent défenseur des pauvres. C’était à l’occasion de la cérémonie d’inauguration du siège de l’Agence nationale d’inclusion économique et sociale (ANIES). Reprenant à son compte l’idée chère à son premier ministre, le chef de l’Etat s’est engagé à œuvrer en faveur d’un partage équitable des fruits de la croissance économique du pays.
C’est d’abord Sanab Kaba, la Directrice générale de l’ANIES qui, estimant que la Guinée et ses collectivités se sont enrichies depuis l’arrivée d’Alpha Condé aux affaires et que la politique économique a engrangé de réels succès sur la même période, admet néanmoins que cette réussite n’a que très peu impacter la pauvreté ressentie par les citoyens. « 60% de la population est touché par l’extrême pauvreté et gagne moins de 450 dollars par an », note-t-elle à l’appui de son affirmation. Justement, précise-t-elle, la création de l’ANIES a pour objectif de résoudre la distorsion entre le succès macroéconomique et la pauvreté qui tenaille la population à la base.
Alpha Condé lui aussi trouve qu’il ne sert pas à grand-chose d’engranger des résultats, si les citoyens à la base n’en ressentent pas les effets positifs. « Faire des barrages et des routes c’est bien, mais ça ne change pas l’assiette du citoyen. Le taux de croissance est bien, mais ce n’est pas çà que le peuple mange, ça ne change pas l’assiette. C’est bien d’avoir l’exploitation des mines, mais est-ce que cela apporte aux populations les plus pauvres ? Non », souligne le président de la République. Et ce serait pour cela que l’ANAFIC a été créée pour qu’avec les 15% des recettes reversées, puisse être boosté le développement des sous-préfectures. C’est également, selon le président Alpha Condé, la même logique qui a guidé la création du Fonds de développement local (FODEL), au sein duquel, dit-il, 1 % des revenus des sociétés minières est reversé, en vue des initiatives de développement des zones minières. « Tout cela parce que j’ai fait le tour des sous-préfectures en Guinée et j’ai vu la pauvreté. (…) il faut passer là où il y a les gens les plus pauvres, c’est à dire dans les villages. Ça été donc la raison de la création de l’ANAFIC pour que chaque préfecture et sous-préfecture ait au moins 3 à 5 milliards GNF d’investissements tous les ans», explique Alpha Condé. Qui poursuit : «60% des Guinéen vivent dans la pauvreté, et dans les villages c’est 65%. 25 à 30% sont dans l’extrême pauvreté, particulièrement parmi les jeunes. C’est ce qui nous a donc amenés à créer l’ANIES ». Le président de la République qui note tout particulièrement : « je suis très fier de la direction de l’ANIES parce qu’en moins d’un an, nous avons pu mobiliser 200 millions de dollars grâce aussi à l’accompagnement de nos partenaires dont la Banque mondiale et la BAD ».
Evoquant le paysan comme la cible de ses principales actions, Alpha Condé rappelle que « ce qui compte pour lui est ce qu’il va bien manger. Parce qu’il va te dire on ne mange pas du goudron ». Il pense aussi qu’il faudra agir le secteur de l’éducation. « Il faut aussi tenir compte du niveau intellectuel de nos populations, malheureusement une bonne partie de notre population n’a pas eu accès à l’école donc ils sont très manipulables ».
Capitalisant sur ce qui avait jusqu’ici été mis en place à propos de redistribution de la prospérité dont le projet Filets sociaux productifs, l’initiative ANIES se fixe pour objectif à l’horizon 2025 de drainer 4% vers 40% de la population la plus pauvre.
Balla Yombouno