C’était dans l’air du temps. Ça vient d’être confirmé par un décret du président de la République. Les élections législatives, initialement programmées à la date du 16 février prochain sont finalement reportées au 1er mars. Sauf que même avec ce rajout, les chances de voir les ténors de l’opposition revenir dans la course demeurent très minces. C’est du moins ce que nous dit Aliou Condé, le secrétaire général de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), principal parti de l’opposition. Selon lui, le report qui vient d’être acté n’a rien à voir avec les exigences d’équité et de transparence du scrutin que réclament les opposants. Deux autres facteurs justifieraient le report décidé par le chef de l’Etat.
Le premier facteur, à en croire Aliou Condé, c’est « le temps supplémentaire dont a besoin la Commission nationale électorale indépendante (CENI) pour être relativement prête. Car aujourd’hui, il est évident qu’avec tout le retard qui a été accusé, même du côté de la CENI, on était convaincu que la date du 16 février n’était plus tenable d’un point de vue technique ». « C’est ce premier problème que vient régler cette nouvelle date du 1er mars », estime Aliou Condé. Le second problème, selon lui, « est lié à l’impératif du couplage des législatives et du référendum ». De fait, selon ce responsable de l’UFDG, après l’ordonnance du président de la République relative aux modalités du référendum, dans laquelle il était indiqué que la campagne référendaire commencerait 15 jours avant le scrutin, « il devenait nécessaire de repousser la date des législatives pour pouvoir mettre en œuvre le contenu de cette ordonnance ».
En somme, dit Aliou Condé, « ce report n’a rien à voir avec la doléance des religieux ». Cette doléance rappelle-t-il, « c’était qu’on reporte les élections pour permettre l’ouverture d’un dialogue à l’issue duquel on corrigerait tous les problèmes qui émaillent le processus électoral, en vue d’aboutir à des législatives transparentes, honnêtes et inclusives ». Or là, « on n’est pas du tout dans cette logique-là ». Tout au contraire, estime Aliou Condé, la publication du décret du président Alpha Condé de ce lundi soir ne confirme qu’une seule chose, « le président est déterminé, d’une part à faire tenir les élections sans se soucier de la participation de l’opposition, et de l’autre, à coupler ces législatives et le référendum ». Référendum à propos duquel « Alpha Condé est déjà en campagne comme nous l’avons vu la dernière fois à Fria ».
Evoquant la réponse que l’opposition compte apporter à cette détermination d’Alpha Condé à mettre en place le référendum, Aliou Condé dit que les opposants s’en tiennent à la déclaration qu’ils ont faite à la suite des doléances formulées par les leaders religieux. A savoir qu’ils observent une pause cette semaine pour démontrer leur « bonne foi ». Par ailleurs, Aliou Condé assure qu’en dépit de la fermeté qu’affiche le pouvoir, l’opposition « ne désespère guère ». L’opposant trouve même que la contestation a des raisons d’espérer. « Il y a quelques semaines, la dernière déclaration des religieux était de l’ordre de l’inenvisageable. Mais aujourd’hui, ils ont clairement fait part de leur position. Je trouve que c’est un pas dans la bonne direction ».
Boubacar Sanso BARRY