Bousculades, batailles, transpiration… Rentrer ou sortir de l’intérieur des marchés de Kankan vire le plus souvent à l’épreuve de force. En cause, le stationnement anarchique des mototaxis et l’occupation désordonnée des chaussées par des vendeuses de produits de tout genre.
Mardi 3 mars 2020. A Kankan, il est 10 heures. Aux alentours du marché Sogbè, l’ambiance est plus pétillante qu’à l’intérieur. Alors que de nombreuses ménagères se battent pour accédé à l’intérieur du marché et s’acheter des condiments, beaucoup d’autres personnes tentent de s’extirper du bourbier créé à la rentrée en raison des vendeuses qui accourent pour leur proposer des articles et des motards qui font des tours sur places pour déposer, prendre ou séduire les clients. Dans ce concert de klaxons et de crépitements de pneus, Michel kpoghomou, diplômé en géographie à l’Université Julius Nyerere et conducteur de mototaxi explique : « nous n’avons pas de lieu approprié pour le stationnement. En dehors de ces endroits, il nous est difficile de trouver des clients.» Cependant, il reconnait que des prises-de-becs sont fréquents dans le parage, soit entre motard et passant ou entre citoyens : « la bousculade est souvent à l’origine de ces querelles. »
A côté, Mariam Cissé, âgée d’une vingtaine d’années, vend du gingembre, entourée de plusieurs vendeuses de galette et autres articles. Assise sur un tabouret installé au milieu de la chaussée, elle peine à servir un client, céder le passage à une jeune dame qui l’a bouscule sans se rendre compte pour se frayer un chemin et à calmer en même temps son enfant dont les habits sont trempés de sueur. Pourtant, elle ne compte pas quitter cet endroit : « j’ai des enfants à nourrir. Si je n’utilise pas cette place, je rentre bredouille à la fin de la journée. » Sur les risques encourus, elle affirme: « Dieu veille sur moi ».
De l’autre bout de la ville, Kadiatou D, après ses courses au marché Dibida est mécontente. Elle raconte : « j’ai fais une dizaine de minutes pour sortir du marché. Il faut bousculer les uns et être bousculé les autres pour traverser. Les motards et les vendeuses empêchent les gens de circuler facilement.» Pour elle, les autorités feraient mieux de mettre de l’ordre aux alentours des marchés : « chacun fait ce qui l’arrange, même au mépris du bon sens et de la loi. »
Rencontrée, Aminata Doumbouya, 4ème vice-maire de la commune dénonce le manque de respect des clauses signées par les conducteurs de mototaxis et les vendeuses ambulantes : « il y’a suffisamment de place à l’intérieur des marchés. Mais, les gens refusent d’utiliser ces endroits au motif que les clients n’aiment pas aller à l’intérieur des marchés. » Ainsi, Pour elle, il est important les femmes restent dans les marchés de leurs quartiers pour s’approvisionner en denrées alimentaires.
Pour résoudre ce problème, elle admet que les autorités devront prendre des dispositions qui s’imposent, notamment continuer la sensibilisation des vendeurs et vendeuses pour les amener à occuper les boutiques, les hangars et les magasins de l’intérieur du marché et pousser les conducteurs de mototaxis à respecter les codes de sécurité.
Depuis Kankan
Michel Yaradouno pour le djely. Com