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MESURES ANTI-COVID-19 : quand l’imprécision affecte la compréhension

A l’instar de nombreux de ses homologues à travers le monde, le président Alpha Condé a décrété ce jeudi 26 mars 2020, l’état d’urgence sanitaire. Avec à la clef une batterie de mesures destinées à juguler la propagation de la pandémie du coronavirus. Sauf que sur le terrain, certaines de ces mesures ne sont pas observées. Dans certains cas, l’incivisme et l’indiscipline des populations y sont pour quelque chose. Cependant, quelques-unes des mesures restent elles-mêmes imprécises. Au point que leur compréhension par les citoyens prête à confusion. Il s’en suit que l’application reste marginale. C’est du moins le constat qu’a fait notre reporter dans la circulation à Conakry.

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Au nombre des mesures annoncées par le chef de l’Etat, il y en a qui ont trait à la circulation routière. C’est le cas en particulier de celle qui impose à chaque moto, un passager. Au sein de l’opinion publique, on n’interprète pas cette décision de la même façon. « Non, notre activité n’est point affectée. Le message du président ne s’adresse qu’à ce qui avaient l’habitude de faire de la surcharge », nous a ainsi répondu un conducteur de taxi-moto. A l’en croire, il peut toujours continuer à travailler en prenant un passager derrière lui. « Je pense que les gens n’ont pas compris. Quand le président dit un seul passager, il fait allusion au conducteur. En d’autres termes, après cette adresse à la Nation, les conducteurs de taxi-moto doivent cesser de travailler. Autrement, comment peut-on espérer que l’on respecte la distance sociale de 1,5 m que l’on préconise », se demande un observateur, ne partageant visiblement pas l’avis de notre premier interlocuteur ?

L’incompréhension est telle qu’une source gouvernementale a admis qu’il « faut davantage réfléchir à la question précise des motos ».

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Il est vrai qu’en ce qui concerne les taxis, le message du président de la République semble avoir été relativement compris de la même façon. A ce niveau, Alpha Condé a annoncé trois passagers par taxi. Ce qui signifie deux passagers sur la banquette arrière et un dernier au côté de chauffeur, sur celle de devant. Cette instruction, d’aucuns choisissent de l’ignorer délibérément. Ainsi, ce vendredi dans les rues de Conakry, il était aisé de remarquer des passagers entassés à trois voire quatre sur la banquette arrière. Et comme s’ils n’avaient pas non plus compris, certains policiers ont laissé faire en cette première journée. Au niveau des principaux carrefours, n’étaient arraisonnés que ceux qui avaient quatre passagers sur la banque arrière.

Et pour ceux qui s’efforcent de s’y confirmer, ils répercutent le manque-à-gagner sur les passagers en doublant le prix du tronçon. De 1500 GNF, initialement, il est passé à 3000 GNF depuis ce matin. Ce qui pousse Ismaël Baldé à préconiser des mesures d’accompagnement : « personnellement, je ne suis pas contre la mesure d’urgence sanitaire décrétée par le chef de l’Etat. Mais à mon avis, l’Etat devrait d’abord prendre des dispositions pour le bon respect des consignes. Il devrait songer à la diminution du prix du carburant, parce que le prix du baril est à la baisse pour ne pas que cela se répercute sur le prix du transport. Sinon, cela risque d’avoir un coup dur sur la population car, nous n’avons pas tous les mêmes moyens».

La hausse du coût du tronçon, Mohamed Lamine, conducteur de taxi l’assume parfaitement. «Nous allons respecter la mesure d’urgence. Mais nous serons obligés d’augmenter le prix du tronçon. On ne peut pas nous dire de prendre trois personnes dans le taxi et s’attendre de nous que nous roulions au même prix. C’est pour cela que nous avons décidé de doubler le prix du tronçon», explique-t-il.

Seulement, même avec cette hausse, il y en a qui risquent de ne pas de s’en sortir. C’est le cas des conducteurs des mototricyles qui pullulent à Conakry. « Nous les conducteurs des tricycles qui sommes de Lambangni, nous avons décidé de tenir une réunion ce soir. Ensemble, nous allons proposer à nos patrons de revoir à la baisse la recette à 40 000 ou 50 000. S’ils n’acceptent pas, nous serons obligés de rendre les motos parce qu’on ne peut pas continuer à rouler ainsi », annonce l’un d’entre eux.

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De là à l’augmentation des prix des denrées sur le marché, il n’y qu’un pas que franchit allègrement Moustapha Camara, que nous avons interrogé à Nongo. « Il y a un coût à tout cela. Ces décisions pourraient même conduire à une flambé des prix sur le marché. Il faut que l’Etat puisse trouver une autre alternative le plus rapidement possible », préconise-t-il.

BARRY Ibrahima Kindi

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