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COVID-19 : pourquoi l’ANSS ne prend-elle pas en compte certains décès ?

Hier, samedi 18 avril 2020, les statistiques de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS) relatives à l’évolution du nouveau coronavirus en Guinée affichaient les chiffres suivants : cas confirmés (518), guéris (65), hospitalisés (450) et décès (03). En apparence, ça parait cohérent. La somme des hospitalisés, des guéris et des décès donnant exactement 518. Seulement, dans la soirée,  le communiqué du gouvernement relatif aux hauts cadres morts du coronavirus est venu semer le doute dans tout ça. En rangeant feu Victor Traoré dans la catégorie des victimes du coronavirus, alors que l’ANSS ne l’avait pas précédemment fait, le gouvernement contribue à ouvrir la boite de pandore. Au point qu’on en est à se demander si l’ANSS n’a pas tendance à passer sous silence certaines victimes. Au risque de biaiser les données.

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Faisons le décompte, la première victime officielle du coronavirus en Guinée, c’est un Guinéen d’origine libanaise. Il est décédé dans la matinée du mardi 14 avril. Cependant, le point de la situation qu’elle fait du Covid dans la soirée du même mardi, l’ANSS ne le prend en compte dans sa case « décès hospitalier ». Pourtant, des informations ultérieures, nous apprendrons qu’il avait été admis, quoique tardivement, à l’hôpital. Puis, le jeudi 16 avril, c’est le décès du commissaire Mohamed Victor Traoré qui est annoncé. Les premières dépêches, sur la foi de sources anonymes, rapportent la mort au coronavirus. Mais la famille monte au créneau et conteste. L’ANSS refuse de trancher. Ou plutôt, elle tranche en faveur de la famille, en laissant celle-ci récupérer le corps. A partir de là, tout le monde se rallie sans trop de conviction à la version de la famille. Ce qui fait que le deuxième décès que comptabilise l’ANSS, c’est celui de Mory Diané, frère du ministre de la Défense. Alors que l’ancien président de la CENI passe pour la troisième victime.

Mais le communiqué du gouvernement maintenant que l’ancien patron d’Interpol est bel et bien mort du coronavirus relance la question de l’indépendance de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire. Ce communiqué qui est lui-même révélateur d’une inversion des rôles et des responsabilités. L’ANSS est en effet censée être une structure dont les avis, conseils et recommandations orientent et éclairent les décisions des autorités politiques pour ce qui est de la gestion la pandémie en Guinée. Or, dans le cas d’espèce, on a l’impression de vivre le contraire. Car de toute évidence, c’est l’Agence qui essaie de se synchroniser à la communication officielle. Le cas Victor Traoré étant en cela illustratif. Même s’il y a un précédent. En effet, on aura tous noté la précipitation avec laquelle l’ANSS a fait disparaître de ses plateformes son infographie qui déconseillait le recours aux liquides chauds comme remède contre le coronavirus. Entre Alpha Condé qui prescrit « l’eau chaude » et l’OMS qui justement met en garde contre cette prescription, le choix de l’ANSS est connu d’avance. Malheureusement, ce n’est pas pour rassurer !

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Mais au-delà de cette tendance très guinéenne à toujours chercher à satisfaire aux desiderata du pouvoir, il est à se demander si la structure en charge de la lutte contre le Covid-19 n’est pas minée par d’autres pathologies. Car pour ce qui est toujours du bilan des décès, deux autres cas font l’objet de spéculation dans la cité. D’abord, le fameux « militaire » dont a parlé le président Alpha Condé lors de sa rencontre, jeudi dernier, avec les acteurs impliqués dans la lutte. « Le militaire là, qui est mort, comment il l’a eu », s’était furtivement interrogé le président ? Et à propos, c’est à notre tour de demander à l’ANSS, de quel militaire parle le président de la République ? D’autant qu’au sein de l’opinion publique, personne n’en avait entendu parler. Ensuite, il y a le cas Hadja Doussou Douno, des Impôts. Est-elle décédée du Covid-19 ? Personne ne le sait, car l’ANSS se méfie des détails comme de la peste. Or, dans la bataille ardue que nous livrons, la communication exhaustive et efficace est un allié indispensable. En raison notamment du fait qu’elle aide à maitriser les données sur les personnes contacts et conséquemment à circonscrire la propagation. Des décès, il ne faut donc pas en faire un sujet tabou. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui est aujourd’hui reproché à la Chine ?

La rédaction

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