C’est le sujet qui aura, toute la journée de ce dimanche 26 avril, occupé l’essentiel de l’actualité nationale. Les commentaires de la Banque mondiale sur le Plan de riposte contre le coronavirus rendu public le 6 avril dernier par le premier ministre ont suffisamment fait parler d’eux. C’est en particulier les soupçons de surfacturation relevés par la banque dans le volet énergétique du plan qui ont fait jaser. En conséquence, la réaction de la primature était des plus attendues. Et elle est arrivée ce soir. Deux enseignements peuvent être en déduits. D’abord, les experts de la Banque mondiale avaient bel et bien raison : le montant relatif aux factures du courant des abonnés au tarif social pour les mois d’avril à juin, a été surestimé. Ensuite, selon le Palais de la colombe, le responsable de ce qui est présenté comme une erreur n’est autre que le ministre de l’Energie, Cheick Taliby Sylla.
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Dans son communiqué rendu public ce dimanche soir, le cabinet de la primature admet la méprise. Au lieu de 456 milliards de GNF, le montant des factures des mois d’avril, mai et juin que l’Etat prend en charge au bénéfice des abonnés au tarif social, est de 126 milliards. Le surplus de 330 milliards était donc une « erreur», avouent les services de Kassory Fofana. Et en croire l’entourage du premier ministre, l’erreur a été commise par le ministre de l’Energie. De fait, selon les autorités guinéennes, pour l’élaboration du Plan de riposte anti-Covid-19, il a été demandé à chaque ministre sectoriel concerné de faire parvenir son plan. La requête ayant été assortie d’une deadline. Seulement, selon la version d’Ibrahima Kassory Fofana, le plan du ministre Cheick Taliby Sylla serait arrivé en retard. Il a été néanmoins intégré et publié au titre du Plan global sans avoir fait l’objet de vérification pour « nécessité d’urgence ». Mais qu’après, « le cabinet du Premier ministre a parallèlement demandé à EDG de revoir les données et de fournir des éléments précis sur le nombre d’abonnés au tarif social, les montants théoriques facturés et les montants effectivement recouvrés ».
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En gros, sur le point de le plus litigieux du document de la Banque mondiale, le premier ministre admet les allégations de l’institution de Breton Woods. Mais il ne s’agirait point d’une tentative de surfacturation. Ou tout au moins, cela ne le concernerait point. Tout est de la faute de son ministre de l’Energie qui, faut-il l’admettre, n’en est pas à son premier impair. Pour autant, l’excuse du chef du gouvernement parait mince. Si lui et ses services ne sont pas coupables, on peut tout de même leur imputer la négligence et la légèreté qui, de toute évidence, ont permis de faire passer cette fameuse « erreur ». Et plus globalement, se pose de nouveau la question de l’autorité de Kassory Fofana sur son gouvernement. En effet, comment peut-on expliquer qu’un de ses ministres ait pu ne pas se conformer à la date limite qui avait été fixée à tout le monde ? C’est difficilement compréhensible de la part d’un premier ministre dont a jadis dit que l’autorité et le sens du management étaient les principaux atouts. D’ailleurs, dans un tel contexte, il n’est pas exclu que la réaction éventuelle du principal mis en cause, nous dévoile d’autres aspects de cette incongrue affaire.
La rédaction