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DECONFINEMENT : les Guinéens de France entre soulagement et appréhension

Après 55 jours passés confinés à domicile, les Français ont entamé ce lundi 11 mai une délicate période de déconfinement. De nouveau, ils sont autorisés à sortir la tête dehors sans avoir à se justifier. Certes, les mesures barrières (port de masques, distanciation sociale) sont toujours vivement recommandés. Mais pour la première fois depuis environ deux mois, certains reprennent le travail, alors que les tout-petits sont de retour à l’école. Et bien sûr, ce retour progressif à la normale, tout le monde en est soulagé. Tant le confinement a été une épreuve pour beaucoup. Cependant, à la joie de retrouver le monde extérieur, se mêle une certaine appréhension. On redoute toujours la fameuse deuxième vague du Covid-19, la pandémie qui aura à la date de ce premier jour de déconfinement fait près de 27.000 décès en France. Et ces deux sentiments – soulagement et inquiétude – les quelques 38.800 Guinéens résidant dans le pays les ressentent eux aussi. C’est du reste ce que quelques-uns d’entre eux ont confié à notre rédaction.

Du confinement dont il vient de sortir, Alpha Kabinet Doumbouya dit que c’était une « prison ». Et sa cellule à lui, ce Guinéen de Paris dit sortir avec une nouvelle philosophie. « Ce qui se passe dans le monde en ce moment doit interpeller tout individu et doit inciter chacun de nous à donner un autre élan et une autre direction à l’action humaine et mettre l’être humain au centre de tout projet et de toute action. Car nous avons compris que l’essentiel n’était pas ce à quoi nous avions donné la priorité », recommande-t-il. Pour sa part, Djenabou Guirassy n’utilise pas le terme « prison » pour définir la longue période qu’elle vient de passer à la maison. Mais cette conseillère clientèle vivant dans le 20ème arrondissement de la capitale française avoue que l’inactivité de ces deux derniers mois aura été difficile pour elle. « Surtout pour une personne très active comme moi », fait-elle remarquer. Au-delà de l’inactivité, elle dit avoir souffert de la privation de ses « amis, des espaces publics et de l’air libre ».

Le confinement, une prison qui ne dit pas son nom

« Avec le confinement dont nous sortons aujourd’hui, on se rend compte que c’est important de vivre sans restriction des libertés de mouvement », nous dit pour sa part Diallo Mamadou Amirou. Pourtant, on ne peut pas dire que cet étudiant en Télécommunications à l’université de Lille ait particulièrement souffert du confinement. Certes, il a vécu le stress et la psychose au gré de la folle progression de la maladie. Il avoue par ailleurs que les amis et les retrouvailles entre potes lui ont manqué. Mais pour lui, l’essentiel aura été préservé. « D’une part, nous avons pu continuer les études, à travers la formation à distance. D’autre part, vu que j’ai passé le confinement avec quelques amis de la fac dans la résidence universitaire, je n’étais pas si isolé », note Mamadou. Ahmed lui non plus n’a pas cédé à la panique durant le confinement. Tout au contraire, chez lui, cette longue période qu’il a passée reclus à domicile, il l’a consacrée à la méditation. « Le confinement  a été pour moi, au-delà de l’aspect restriction de certaines libertés, une période d’intenses réflexions. La paralysie mondiale occasionnée par le virus m’a permis de me convaincre davantage que  le monde est régi par des forces qui me dépassent largement, qui dépassent tous les hommes », dit-il, mi-philosophe, mi-fataliste. Ayant pu se rendre à son lieu de travail même durant le confinement, il dénonce néanmoins la gestion de la crise sanitaire par les autorités françaises. « Le gouvernement français,  à mon sens, n’a pas été à la hauteur de la gestion de cette crise sanitaire.  J’ai eu le sentiment, avec la gestion déficitaire de la crise, que le monde est dirigé par  les médiocres de tout bord, et de tout pays », juge-t-il.

Le déconfinement, un soulagement, mais…

Comme on le voit, à chacun sa conception et sa perception du confinement. Par contre, du déconfinement, ces Guinéens ont un même point de vue, à savoir que c’est une libération et qu’il était tant que cette dernière advienne. Mais derrière cette joie affichée, pointe chez chacun une dose sous-jacente d’inquiétude et de prudence. « J’avais hâte d’arriver à ce déconfinement, mais toujours dans la prudence car la bataille n’est pas encore gagnée », déclare ainsi Djenabou Guirassy. « Ce lundi était pour moi comme une renaissance. Reprendre sa liberté de mouvement n’est une chose banale. J’étais enthousiasmé c’est comme si je sortais d’une prison », se réjouit pour sa part Alpha Kabinet Doumbouya. Ahmed de son côté en a un point de vue partagé : « je suis partagé entre le fait de recouvrer certaines libertés avec l’assouplissement des restrictions et la peur d’une seconde vague de propagation du  virus ». La sortie du confinement, Mamadou Amirou l’attendait également avec impatience. Pour autant, il se veut méfiant : « sachant que notre commune (Villeneuve d’Ascq) est en zone rouge par rapport à la carte du deconfinement, nous sommes plus méfiants quant à sortir pour aller dans les grandes surfaces ».

Aussi, tous nos quatre interlocuteurs ont préféré avoir le triomphe modeste en cette première journée de déconfinement. Rien d’extraordinaire dans leurs programmes respectifs. La fête, ça attendra, quand le virus aura été définitivement vaincu.

Boubacar Sanso BARRY

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