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GUINEE : il y a juste 2 mois…

On ne le réalise peut-être pas, mais ce vendredi cela fait deux mois jour pour jour depuis la tenue du double scrutin controversé du 22 mars 2020. Journée émaillée de violences avec des pertes en vies humaines à Conakry et à N’zérékoré. Des bureaux de vote saccagés et du matériel électoral détruit et calciné par endroit. Mais depuis, coronavirus oblige, on observe un répit. Du moins, sur le front politique. Car sur celui sanitaire, on assiste au phénomène inverse. Alors qu’à la date du 22 mars, on n’en était qu’à seulement 2 cas officiellement notifiés, nous en sommes désormais à plus de 3000 au niveau du pays, pour environ une vingtaine de décès dans les structures hospitalières.

Dimanche 22 mars, appréhensions et incertitudes

Au matin du dimanche 22 mars 2020, le ciel de Conakry était nuageux. Chargé qu’il était d’appréhensions et d’incertitudes. Point culminant d’un bras de fer de plusieurs mois entre le pouvoir et le Front national pour la défense de la constitution (FNDC), la journée s’annonçait tendue. Surtout que les semaines précédentes avaient été caractérisées par des manifestations à répétition avec des morts, des blessés et d’autres dégâts d’ampleur. En dépit des menaces proférées par les opposants à la nouvelle constitution et des dénégations de la communauté internationale, le président Alpha Condé s’était résolu à faire organiser le double scrutin. En dépit également du nouveau coronavirus dont une des mesures barrières – à savoir la distanciation sociale – est pourtant incompatible avec les rassemblements que requièrent la campagne électorale et la mobilisation autour des bureaux de vote. Les risques sont tels qu’ils sont perçus par le pouvoir lui-même. Ainsi, depuis plusieurs semaines, l’armée est en alerte. De même, quelques jours avant le double scrutin, les élèves et les étudiants sont invités à rester à la maison pour sans doute éviter qu’ils ne servent à nourrir la contestation programmée par le FNDC. Ce risque-là étant d’autant plus à redouter que depuis trois mois, le secteur de l’enseignement pré-universitaire est paralysé par une grève déclenchée par le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG). Bref, le double scrutin ne s’annonce pas dans la sérénité, mais le président Alpha Condé et son camp ont décidé qu’aucune rallonge supplémentaire ne sera concédée au camp adverse. Advienne que pourra !

Des condamnations à la pelle

Et la suite, on la connait. Le double scrutin se tient, mais est émaillé de nombreux incidents. Il se tient surtout à huis-clos, les instances sous-régionales, régionales et internationales ayant refusé d’envoyer des observateurs, en signe de protestation. D’ailleurs, tout juste après la fermeture des bureaux de vote, Paris, Berlin, Bruxelles et Washington s’empressent de mette en cause la crédibilité de la double consultation. L’hypothèse de sanctions ciblées est même évoquée de la part de quelques chancelleries occidentales. La pression est d’une ampleur telle que les autorités de Conakry, agacées, en viennent à convoquer l’ambassadeur de France à Conakry. Car l’approbation de Pékin et d’Ankara ne fait pas le poids. Mais depuis, la fièvre est retombée. Aux prises avec le nouveau coronavirus, la France, l’Union européenne et les Etats-Unis ont quelque peu mis le dossier Guinée sur pause. Une détente dont Alpha Condé a depuis bien profité. Ainsi, la nouvelle constitution a désormais été approuvée et promulguée. Le nouveau parlement, lui aussi, est en place, et s’efforce même de fonctionner. Le FNDC, lui en proie au dépit et à la déception, peine à se remobiliser. D’autant que le pouvoir, résolu à le dépecer, traque ses membres les plus actifs. Et c’est dans ce contexte que commence à poindre le débat sur la présidentielle d’octobre prochain. Avec entre autres questions, se tiendra-t-elle et Alpha Condé sera-t-il au nombre des candidats ?

Coronavirus et sa folle progression

La première de ces questions est en rapport avec la pandémie du nouveau coronavirus. Une pandémie dont la progression a été des plus fulgurantes ces dernières semaines. Au point qu’on est passé de 2 cas le 22 mars à 3069 contaminations et au moins 28 décès au 20 mai 2020. Surtout, on a perdu de grandes personnalités dont Me Amadou Salifou Kébé, le défunt président de la CENI. Acteur majeur du processus électoral décrié, il a achevé la proclamation des résultats provisoires de l’élection législative le 1er avril dernier, et s’est éteint le 17 du même mois. Ironie du sort, il a été contaminé par les seuls observateurs qui avaient consenti à venir superviser le double scrutin. Au nombre des pertes, il convient de relever également le commissaire Victor Traoré, le défunt secrétaire général du gouvernement, Sekou Kourouma ou encore le pédiatre de renom, Cellou Baldé. Au-delà de ces pertes tragiques, c’est surtout le rythme de progression de la maladie qui demeure préoccupant. En effet, la courbe ne semble pas fléchir, contrairement à l’impression qu’on en eu ces derniers jours. En témoignent les derniers chiffres publiés par l’ANSS, à savoir 140 nouvelles contaminations sur un échantillon de 457 personnes testées. Soit, un taux de contamination de 30 %. Au sein de l’opinion publique, on reproche au gouvernement de n’avoir pas pris à temps les mesures visant à contrer la pandémie. Il est vrai qu’il a fallu attendre le 26 mars – autrement 4 jours après le double scrutin – pour voir le président Alpha Condé décréter l’Etat d’urgence sanitaire, avec à la clé une batterie de restrictions (fermeture des frontières aériennes et terrestres, couvre-feu, interdiction de déplacement entre Conakry et l’arrière-pays, fermeture des écoles et des lieux de culte et de distraction, port obligatoire des masques, etc.). Des mesures dont l’application reste toute relative à bien des égards. Ainsi, en dépit des barrages érigés à la sortie de Conakry, des cas sont annoncés dans bien de villes de l’intérieur du pays. Par ailleurs, le 12 mai 2020, à Coyah et Dubréka, ces fameux barrages ont donné lieu à un véritable carnage respectivement à Friguidi et Kénindé avec la répression inouïe que les forces de l’ordre ont réservée à leur contestation par les citoyens de ces deux localités. Au total, sur les deux sites, on a déploré 6 morts, de nombreux blessés et des dégâts importants. Mais au-delà de ces crimes et du dégât humain que l’épidémie pourrait entraîner, ce que l’on redoute le plus désormais, c’est la crise économique consécutive à la paralysie des activités. Même si pour l’instant, les autorités, elles, ne semblent si inquiètes des perspectives sombres qui sont annoncées.

Boubacar Sanso BARRY          

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