Depuis le 18 avril dernier, le port du masque est obligatoire en République de Guinée pour lutter contre la propagation dans le pays du nouveau coronavirus. Cependant, à Dubreka, la mesure est en train d’être foulée au sol. Après les affrontements survenus le 12 mai 2020 entre les forces de l’ordre et la population qui protestait contre la mise en place d’un barrage sanitaire à Kenende dans le cadre de l’application de l’état d’urgence sanitaire, rares sont les habitants de cette ville située à une cinquantaine de kilomètres au nord-est de Conakry qui portent les masques. C’est le constat fait sur place par un reporter du Djely.
Du centre ville de Dubreka en passant par ses quartiers périphériques jusqu’au KM5, le constat est le même : la plupart des citoyens circulent sans porter leurs masques au vu et au su des forces de sécurité. Le respect de la distanciation sociale non plus n’est respecté. Au grand carrefour du KM5, point d’entrée de la commune urbaine de Dubreka, les citoyens vaquent tranquillement à leurs occupations sans penser aux mesures de prévention contre le coronavirus. Pire, certains ne croient toujours pas à l’existence de la maladie qui a pourtant touché plus de 3 300 personnes en Guinée et déjà fait officiellement 20 morts, selon l’Agence nationale de la sécurité sanitaire (ANSS). « Moi, je ne porte pas de masque parce que je ne crois pas à l’existence du coronavirus. Je pense que je ne serai pas contaminé car je crois en Dieu », déclare un homme d’une cinquantaine d’années qui se dit être très en colère contre les mesures restrictives instaurées par les autorités guinéennes.
Près de lui, se trouve un autre « coronasceptique » qui ajoute : « Gare à celui qui va nous dire de porter le masque. Ils ont fermé nos mosquées à cause de cette fausse maladie alors que, eux-mêmes, ils tiennent des réunions au Palais du peuple. Parfois, j’accepte de laver mes mains mais ça aussi ce n’est pas obligatoire », a-t-il indiqué.
Dans les boutiques et les magasins, commerçants et clients échangent sans aucun respect des mesures de protection. Dans la circulation, nombreux sont les conducteurs de moto-taxis qui ne portent pas leurs masques, de même que les passagers. Et tout cela se passe au su et au vu de la police qui ne lève pas le petit doigt. Dans les marchés, la situation est encore plus inquiétante. Non seulement il n’y a pas de distanciation sociale mais aussi les femmes vendeuses sont assises derrière leurs tables de marchandises sans porter de masque.
Cette situation devrait interpeller les autoritaires guinéennes car en plus du non port du masque qui est pourtant sanctionné par une amande de 30 000 francs guinéens, les autres mesures barrières sont banalisées. Certains citoyens continuent de se serrer les mains comme si l’épidémie du coronavirus était un lointain souvenir.
Balla Yombouno