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GUINÉE : des modifications législatives qui pourraient passer pour une provocation

Presqu’en catimini, la nouvelle Assemblée nationale s’apprête à adopter une série de lois ayant une incidence directe sur les prochaines élections présidentielles. En effet, suite à l’adoption ce vendredi 29 mai 2020, d’un chronogramme d’une session dite spéciale, le nouveau parlement entend notamment examiner et adopter le projet du nouveau code électoral ainsi que ceux relatifs en particulier à la Cour constitutionnelle et à la Haute autorité de la communication (HAC). Des textes qui seront par conséquent adoptés en l’absence et à l’insu des principaux partis de l’opposition, en principe parties prenantes, du processus démocratique en Guinée. Et bien sûr, cette attitude des autorités venant s’ajouter aux circonstances cavalières dans lesquelles le double scrutin du 22 mars 2020, a été organisé, on ne peut pas espérer la détente pour demain.

Clignoter à droite et s’engager à gauche, c’est décidément l’option du pouvoir de Conakry. A sa prise de fonction, Amadou Damaro Camara avait lui-même appelé à promouvoir le dialogue et la concertation. Mais c’est le parlement qu’il préside qui s’apprête pourtant à mettre en place une série de loi à l’insu de ceux auxquels il disait vouloir tendre la main. A priori, même ceux qui par naïveté entendaient lui accorder le bénéfice de la bonne foi devraient se raviser désormais. Conséquence, le dialogue devant mener au consensus en vue des prochaines élections est parti pour ne pas se mettre en place tout de suite.

En lieu et place, le fait d’examiner des lois aussi importantes pour le processus électoral en l’absence des principaux opposants risque bien d’envenimer la crise. En effet, ne risque-t-on pas d’inclure dans certaines des lois des dispositions excluant les formations ou les leaders politiques de l’opposition ? Par exemple, le parrainage qui est désormais une condition exigée des candidats à la présidentielle n’est-il pas de nature à empêcher certains de prendre part à la compétition ? Quid de la candidature indépendante qui avait été présentée comme l’avancée majeure de la nouvelle constitution, mais qui ne figure plus dans la version promulguée de cette loi fondamentale ?  Ces questionnements, tous sous-tendus et rendus légitimes par le déficit de confiance qui prévaut en ce moment au sein de la classe politique guinéenne, on peut les multiplier au sujet des lois relatives notamment à la HAC et à la Cour constitutionnelle.

Sans crier gare et faisant dans une certaine arrogance et le déni de la crise, le pouvoir continue donc à poser ses pions. Comme si de rien n’était. Et il le fait avec une suffisance et une sérénité apparente telles que c’est à se demander si Alpha Condé lui-même est associé à cette cadence. En effet, est-il compréhensible que le chef de l’Etat, même après avoir obtenu sa nouvelle constitution, veuille encore tirer sur la corde ainsi ? Ce n’est peut-être pas exclu. Cependant, il n’est pas non plus exclu que certains faucons de son camp soient à la manœuvre. L’idée étant de le pousser aussi loin qu’il lui est pratiquement impossible de faire marche-arrière.

La rédaction  

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