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BURUNDI : de quoi est mort Pierre Nkurunziza ?

Qu’est-ce qui a si subitement terrassé l’ancien président burundais ? Est-il mort d’un malaise cardiaque, comme le clament à Bujumbura les sources officielles ? Ou bien a-t-il été emporté par la pandémie du nouveau coronavirus, comme le laissent supposer certains indices ? Dans les conditions normales, ces questions, on ne devrait pas se les poser. On devrait se contenter de la version officielle. Mais justement, la disparition surprise de Pierre Nkurunziza n’est pas si normale. Il s’y ajoute qu’en l’espèce, on a toutes les raisons de mettre en doute les informations distillées par les canaux officiels de l’Etat burundais au sujet de l’ex-président en particulier. Or, s’il s’avère que ce dernier est effectivement mort de la Covid-19, l’ironie serait qu’il est décédé d’une maladie qu’il a banalisée au plus haut point. Outre ces questionnements, la disparition du président burundais laisse en principe les coudées franches à son successeur. Le général Evariste Ndayishimyie peut, s’il est dans les dispositions, plus facilement enclencher une dynamique de détente avec aussi bien l’opposition politique que la presse.

Selon les autorités burundaises, Pierre Nkurunziza est mort d’une crise cardiaque. Ses partisans en veulent pour preuve que ce dernier a pris part, samedi, à la finale de la coupe nationale de volley-ball. Ce serait donc dans la nuit de samedi à dimanche que son malaise a commencé. Celle-ci aurait subitement empiré le lundi. Puis, ce mardi 9 juin, il est décédé.

S’il est vrai que ce récit parait logique et cohérent, il y a que d’autres indices laissent croire qu’il est mort du nouveau coronavirus. D’abord, des rumeurs donnaient depuis quelques jours le désormais ancien président burundais malade du nouveau coronavirus. Des rumeurs accentuées par le fait que la première dame, elle-même atteinte de la Covid-19, est hospitalisée à Naïrobi depuis plus d’une semaine. Certes, ce n’est pas là une preuve suffisante pour conclure que Pierre Nkurunziza avait lui-même attrapé le vilain virus. Mais au moins, on sait que  celui-ci avait touché la famille présidentielle. Enfin, il y a surtout ce respirateur qu’on a transporté d’urgence le lundi 8 juin, du centre hospitalo-universitaire de Kamenge (Bujumbura) pour l’hôpital du cinquantenaire de Karuzi où l’ancien président était pris en charge.

Tous ces derniers faisceaux pointent vers la Covid-19, comme responsable de la mort brusque de feu le président Pierre Nkurunziza. Quoiqu’à 55 ans, il n’était pas nécessairement dans le groupe qu’on dit particulièrement à risque. Mais il ne faut surtout pas s’attendre à ce qu’une autorité officielle envisage même l’idée d’entériner la thèse selon laquelle le nouveau coronavirus est responsable de la mort de l’ancien président. Ce dernier avait banalisé cette maladie à telle enseigne qu’il est invraisemblable qu’on puisse le contredire en admettant qu’il en est mort. Pierre Nkurunziza, même après sa mort, n’es pas un président qu’on ose mettre en porte-à-faux.

En dehors de ces questions sur les raisons de sa mort, la disparition de celui qui devait, le 20 août prochain, transmettre le sceptre à son successeur, peut être perçue comme une forme de délivrance. Bien sûr, cette perception des choses a quelque chose de cynique. Mais elle a aussi le mérite de la lucidité et du réalisme. Intérieurement, c’est d’abord Evariste Ndayishimyie qui doit éprouver un certain soulagement. Il est vrai qu’il peut désormais envisager la suite avec un peu plus de sérénité. Quand, prochainement, il sera investi dans ses fonctions de président de la République, il ne sera plus obligé de requérir le quitus de l’ancien président pour chacun des actes qu’il devra poser. Il va plus sereinement pouvoir mettre en place sa politique à lui, sans subir la pression d’un mentor susceptible de lui mettre des bâtons dans les roues. S’il le désire par exemple, il pourra plus aisément desserrer l’étau autour de l’opposition. En sorte que même la population burundaise, quand elle aura séché les larmes, pourrait facilement réaliser que la perte de Pierre Nkurunziza n’est pas le pire qui pouvait arriver au pays. Pourvu que tout le monde s’entende, on pourrait même en profiter pour imprimer au pays une dynamique empreinte de plus de liberté et de justice, avec la garantie tous les citoyens en seront bénéficiaires.

Boubacar Sanso BARRY  

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