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MALI : attention à l’excès de confiance de la part du M5

Pas besoin de le marteler mille fois. Le président malien est en grande difficulté ces derniers temps. Sommé de rendre le tablier, il multiplie les appels au dialogue et court après ses nouveaux opposants desquels il sollicite un répit. Lui qui, durant les sept dernières années, n’aura pas eu de considération particulière pour ses opposants, réalise subitement qu’il lui faut aborder les nouveaux défis avec un peu plus d’humilité. Bien sûr, cette nouvelle donne, c’est à l’imam Mahmoud Dicko qu’on la doit. Avec la déferlante humaine que celui-ci a drainée en effet le 5 juin dernier dans les rues de Bamako, Ibrahim Boubacar Keïta prend conscience que rien n’est acquis pour lui. Et dans l’intérêt du Mali et des Maliens, il est souhaitable que le contre-pouvoir qui vient ainsi d’émerger puisse se maintenir le plus longtemps possible. Au-dessus de la tête d’IBK, cette épée de Damoclès doit demeurer pour lui rappeler la nécessité de se remettre en cause en permanence. Mais cela dépend aussi de Mahmoud Dicko et de ceux qui l’entourent. Ils doivent notamment rester lucides et sur leurs gardes, et ne surtout pas s’imaginer qu’en contraignant le président malien à mettre genou à terre, que ce dernier est vaincu. Ce serait là faire montre d’une naïveté qui pourrait leur coûter très cher.

Incontestablement, le nouvel homme fort qui se dresse face à Ibrahim Boubacar Keïta se nomme Mahmoud Dicko. Il n’est pas statutairement le chef de file de l’opposition, mais dans les faits, il pourrait bien obtenir des autorités maliennes des concessions que Soumaïla Cissé n’aurait pas pu leur arracher. Mais pour cela, lui-même doit sortir des nuages. Quant à son mouvement, il doit mieux se structurer avant d’aller à la rencontre du camp fidèle à Ibrahim Boubacar Keïta. Car lui et son entourage doivent le savoir, il n’y a pas d’alternative au dialogue. L’exigence de la démission du président malien est une posture louable. Mais ce n’est pas là une revendication réaliste, quand on sait qu’IBK n’en est qu’à la deuxième année de son second et ultime mandat. La lucidité requiert du mouvement du 5 juin qu’il ne fasse pas dans la surenchère au risque de vendanger les opportunités qu’il a su se créer et d’émousser par la même occasion l’espoir qu’il suscite auprès des Maliens.

Dans la même veine, Mahmoud Dicko et les siens ne doivent en aucun cas se laisser habiter par le désir d’humilier la personne d’IBK. Celui-ci est désarmé, cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Pas besoin donc d’en rajouter ou de vouloir en profiter pour le mettre plus bas que terre. Cette recommandation se nourrit notamment du faux-bond que le M5 a fait hier au président malien. Alors que celui-ci, acculé qu’il est, attendait impatiemment la délégation de Mahmoud Dicko au centre de Congrès de Bamako, personne ne s’est finalement présenté. Quand vous ne voulez pas venir, dites-le clairement. Ainsi, le chef de l’Etat lui-même n’a pas se déplacer et ainsi s’exposer à la risée du monde entier. Les enjeux qui sous-tendent le bras de fer sont si sérieux que personne n’a intérêt à faire le gamin ou la demoiselle désirée.

Enfin, que Mahmoud Dicko et son camp fassent très attention aux revendications qu’ils vont soumettre au président malien. Il en va de leur crédibilité aux yeux des Maliens. En particulier, ils doivent se méfier de l’idée de gouvernement d’union nationale que les autorités maliennes leur proposent. Qu’ils ne perdent jamais de vue que les problèmes du Mali se nomment insécurité, corruption, mal gouvernance, précarité, etc. Or, ces problèmes, on ne les résout pas avec un gouvernement d’union nationale. Il faut donc les mettre sur la table de discussion et exiger d’IBK des mesures correctives. Ensuite, nos leaders étant particulièrement réputés pour lancer des promesses en l’air, les parties doivent s’entendre sur la mise en place de mécanismes de suivi et d’évaluation de la mise en œuvre des mesures qui auront été adoptées. En somme, au lieu de s’empresser de prendre les postes ministériels dans le nouveau gouvernement, les membres du M5 devraient plutôt s’évertuer à mettre la gestion du pouvoir malien pour les trois dernières années qui lui restent sous une surveillance étroite. C’est de cela que tous les Maliens devraient tirer profit et non d’un gouvernement d’union nationale qui, en réalité, s’est souvent apparenté à une entente des élites sur le dos des peuples.

Boubacar Sanso BARRY

 

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