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Le Covid-19 existe, une rencontre, une leçon! (Kémoko Touré)

Kémoko-Touré

C’est l’auteur des lignes qui suivent qui nous l’apprend. Il était récemment dans les couloirs du centre de traitement épidémiologique délocalisé à Donka. Lui aussi testé positif au Covid-19, Kémko Touré nous restitue ici ce qu’il y a vu, vécu et ressenti. L’ancien Directeur général de la Compagnie des bauxites de Guinée (CBG) en retient comme enseignement la fragilité de l’être humain, le fait que son existence sur terre ne tient qu’à peu de chose. Il conseille en conséquence, l’humilité!

Lorsqu’un drame humain fait son apparition, chaque individu a ce sentiment étrange (ou souhaite secrètement) que les conséquences dudit drame n’atteignent que les autres. Mais le choix des cibles d’une pandémie est souvent aléatoire et cela crée une forme d’égalité ou de communauté de destin.

À la suite d’un test positif au COVIDS-19, je me suis retrouvé cloué au lit pendant plusieurs semaines à compter du 20 mai 2020, Deux tests négatifs plus tard, j’étais définitivement guéri de cette étrangeté dont nous ignorons aussi bien l’origine que la justification de la présence sous nos cieux. Le paradoxe est que les puissants du monde actuel nous expliquent ce qu’ils veulent et nous devons tout simplement nous contenter de ces explications tout en continuant de nous soigner et de consommer ce qui est mis à notre disposition sous toutes les formes possibles. Cette situation est frustrante et elle constitue comme beaucoup d’autres une forme d’insulte à l’intelligence des Africains. À quand l’éveil ?

Un jour viendra….peut-être !

En attendant, nos services de santé en cette matière, avec à leur tête, l’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire (ANSS), font tout ce qui est possible pour limiter les dégâts et pour ralentir la propagation du virus tout en réduisant le nombre de décès. Le spectacle de ces « cosmonautes » des temps modernes dans les couloirs et les chambres d’hospitalisation du Centre Hospitalier Universitaire de Donka serait peut-être amusant si leur travail ne consistait pas à chaque instant à lutter contre la mort, contre la dégradation physique et psychologique des patients. De manière non exhaustive, je livre quelques noms de médecins que j’ai identifiés. Il s’agit notamment du Professeur Sow, du Docteur Joseph, du Docteur Yalla, du Docteur AT, du Docteur Kaba, du Docteur Diallo et de quelques autres notamment au niveau du Comité Scientifique dont le Docteur Alhassane Chérif et le Professeur Yolande Hyjazi. Je demande pardon à ceux qui auraient aimé aussi être cités et qui ne l’auront pas été. Je dis un grand Merci à ce personnel soignant et à celui de l’accompagnement logistique! Merci également à mes parents de Guinée et à toutes ces bonnes personnes qui, sans savoir ce que je devenais, n’ont cessé de se manifester épisodiquement pour demander de mes nouvelles. Enfin, je me réjouis d’avoir une famille personnelle soudée et aimante et qui, même dispersée aux quatre coins du monde, est constamment présente et rassurante à tous égards.

Nous ne sommes vraiment rien face à la maladie. Sans aucune volonté d’incrimination, je me suis retrouvé à un moment donné pendant plus d’une heure dans une ambulance, bien encadré mais surtout accroché à une petite bouteille d’oxygène, pour aller passer un scanner, en compagnie d’un autre patient qui était vraiment mal en point. En attendant que le scanner soit disponible et face à la fatigue et aux difficultés respiratoires, je me suis, pour la première fois, laissé aller et j’ai pleuré de tout mon corps en exigeant de retourner dans la salle de réanimation de l’hôpital Donka où je séjournais alors en compagnie de trois autres personnes. J’avais ce sentiment diffus que ma vie aussi bien que celle de ce compagnon du moment étaient vraiment en danger. Je n’en savais rien et je n’avais pas envie de le savoir. Cette épreuve m’a beaucoup appris sur la fragilité humaine et sur la valeur relative de ce que nous croyons être ou représenter ! Gardons toujours en nous une part d’humilité qui nous rapproche de notre semblable quel qu’il soit. Le malade est en réalité seul face à sa peine. Mais cela fait aussi du bien de se dire qu’en luttant, tout peut finir par reprendre sa place ou à peu près.

Depuis mon test positifau COVID-19 jusqu’aux deux tests négatifs qui ont suivi, je me suis attaché à garder mon autonomie de fonctionnement au prix d’énormes efforts, notamment en me nourrissant seul, en allant seul et sans assistance aux toilettes, en prenant moi-même ma douche journalière tout en évitant de tomber, ce qui n’était vraiment pas évident.Tout cela était extrêmement difficile et exigeant. J’ai tenu à conserver cette part de dignité pour mon propre respect et par respect pour ce personnel toujours présent et toujours prêt à nous assister.

Cette maladie ressemble à tous égards à l’antichambre immédiat de la mort car cette mort ne semble jamais très loin.

Je dois aussi mon rétablissement complet au soutien sans faille d’un partenaire amid ont le sens de l’honneur, de la parole donnée, de l’attachement à mon pays et à mes compatriotes m’émeuvent au quotidien.

Les scientifiques de chez nous semblent avoir choisi le bon protocole de soins car le nombre de décès est relativement faible alors que le nombre de cas augmente. En attendant donc de trouver le moyen d’arrêter définitivement l’extension de la pandémie du COVID-19, nous devons continuer de respecter les Gestes barrières :

. Lavage fréquent des mains à l’eau et au savon ;

. Utilisation fréquente de la solution hydroalcoolique ;

. Port obligatoire du masque de protection ;

. Respect des mesures de distanciation, de 1 à 2 mètres ;

. Port de gants quand c’est nécessaire.

Kémoko TOURÉ. Consultant, Industriel, Écrivain. Juin 2020

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