Ledjely.com
Accueil » VITAL KAMERHE : un verdict au double bénéfice pour Tshisekedi
A la uneActualités

VITAL KAMERHE : un verdict au double bénéfice pour Tshisekedi

Kamerhe

En République démocratique du Congo (RD Congo), les juges du tribunal de première instance de Kinshasa-la Gombé n’ont pas fait les choses à moitié, dans le procès du chef de cabinet du président de la République, Vital Kamerhe. Poursuivi pour détournement de deniers publics et corruption aggravée, il a été condamné au terme d’un procès qui aura duré un peu plus d’un mois, à 20 ans de travaux forcés et 10 ans d’inéligibilité. L’entrepreneur libanais, Samih Jammal que l’on dit lui avoir servi de complice, écope également de la même peine. Dans l’histoire de la RDC et même à la dimension du continent africain, un gros poisson de ce calibre s’est rarement ainsi retrouvé dans les filets de la justice. Surtout pour des faits de corruption. Ce qui, pour le président Félix Tshisekedi passe pour un premier point positif dans son bilan. Et c’est le premier bénéfice qu’il peut en escompter. Le second étant qu’avec cette condamnation, le chef de l’Etat met également out le concurrent interne qu’était Vital Kamerhe, dans l’optique du rendez-vous électoral de 2023.

Qu’on l’aime ou non, avec cette lourde condamnation prononcée contre son plus grand allié politique, on est obligé d’admettre que le président Félix Tshisekedi aura fait montre de courage. Certains pouvant même y voir de la naïveté, dans la mesure où l’éviction de Vital Kamerhe risque de fragiliser un peu plus sa coalition. N’empêche qu’il vient de faire quelque chose que de nombreux autres dirigeants du continent africain n’osent même pas envisager. Ailleurs, mêmes de simples responsables de division ou de section qui se ravitaillent pourtant copieusement dans les caisses de l’Etat n’ont rien à craindre de la justice. Il suffirait pour eux de menacer le président de la République de lui priver de l’électorat de leurs régions d’origine aux prochaines consultations électorales pour qu’on les laisse tranquilles. Félix Tshisekedi, lui, n’entend manifestement pas céder à ce type de chantage. Ayant battu campagne sur le thème de la lutte contre la corruption, il aura estimé que le scandale autour du programme des 100 jours ne pouvait être passé sous silence. Il est vrai que certains des aspects de la magouille dévoilés au fil des audiences ont de quoi révolter. Comment expliquer en effet que sur les 4500 maisons préfabriquées, seulement 211 aient été livrées, alors que près de 50 millions de dollars ont été décaissés ? Les incohérences sont telles que la ligne de défense du leader de l’Union pour la nation congolaise (UNC) est de clamer qu’il n’est pas seul à avoir trempé là-dedans. Ce qui, en soi, est un aveu implicite. Bien sûr, on voudra que les enquêtes se poursuivent et que tous ceux qui sont impliqués soient contraints à rendre des comptes. Mais la chute de Vital Kamerhe est déjà un bon début que le chef de l’Etat pourra capitaliser au besoin.

Encore que d’un point de vue politique, il y a un bénéfice plus concret que le président congolais tire de tout ça. Il s’agit de l’éviction de fait de Vital Kamerhe de l’espace de compétition politique de la RD Congo. D’abord par le discrédit et l’opprobre dont il est désormais couvert. Ensuite, plus directement par l’inéligibilité dont il est frappé pour dix ans. Ce qui fait un adversaire de moins pour le président de la République en prévision des élections présidentielles de 2023. La conséquence première de cette éviction, c’est qu’en effet Félix Tshisekedi se trouve libéré des engagements liés à l’accord que son parti avait conclu avec l’UNC de Vital Kamerhe en 2018 à Naïrobi. Accord en vertu duquel il était prévu que l’ex-chef de cabinet de la présidence congolaise soit le candidat de la coalition au pouvoir à ces futures élections présidentielles. Le chef de l’Etat s’en tire donc à bons comptes. D’autant qu’il ne viendra à l’idée de personne de lui reprocher d’avoir trahi son allié. Celui-ci tombe du fait de ses propres turpitudes. Au contraire, s’il manœuvre bien et réussit notamment la dynamique ainsi enclenchée contre la corruption, Tshisekedi pourrait bien rallier certains sceptiques à sa cause. Avec cette image de président prêt à prendre des risques pour la bonne cause, il pourrait faire oublier le deal qu’il a scellé avec le camp Kabila et redevenir ainsi le président que les Congolais adopteront et adouberont sur la durée.

 

Boubacar Sanso BARRY

Articles Similaires

Le Sénégal et sa culture démocratique

LEDJELY.COM

Kaloum : les victimes de l’explosion du dépôt exigent leur dédommagement

LEDJELY.COM

Immersion à Kalako : un rituel qui a perdu de sa symbolique

LEDJELY.COM

Armée : un capitaine radié du BATA

LEDJELY.COM

Décret : le président de la Transition dissout les conseils communaux

LEDJELY.COM

Pr Bano Barry : « La présidence n’est pas une école où on apprend à gouverner »

LEDJELY.COM
Chargement....