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RD CONGO : scène de ménage au sommet de l’Etat

Au sein du couple FCC-CACH qui tient les manettes en République démocratique du Congo (RD Congo), il y a comme une mésentente ces derniers jours. Félix Tshisekedi qui veut manifestement faire valoir son autorité et mettre en œuvre sa vision se heurte au camp Kabila qui demeure le véritable détenteur du pouvoir. Un peu plus d’un an après l’élection surprise du président actuel à la tête du pays, la très curieuse alliance qu’il a scellée avec le FCC de son prédécesseur bat de l’aile. Ce qui pourrait être le début d’une brouille que l’on savait inévitable entre un chef de l’Etat qui mise sur le temps pour reprendre le dessus et un ancien président dont le départ du pouvoir n’en est pas véritablement un.

Le prétexte de cette nouvelle brouille se trouve être trois propositions de loi portées par les députés du Front commun pour le Congo (FCC), Garry Sakata et Aubin Minaku. Des propositions de loi portant sur la réforme de la justice qui ne font pas l’unanimité. En effet, on soupçonne derrière certaines dispositions préconisées par les deux parlementaires, une volonté de subordonner le système judiciaire à l’exécutif en général et au ministre de la Justice en particulier. Mais là n’est pas le problème. Ce qui aura provoqué la crise, c’est la transmission par le ministre de la Justice des observations du gouvernement relatives à ces trois propositions à l’Assemblée nationale, sans en référer ni au président Félix Tshisekedi, ni au gouvernement. Une attitude que le chef de l’Etat interprète comme un déni de son autorité et surtout comme un manque de loi à son endroit. Un comportement qui l’a irrité à un tel point qu’il a brusquement interrompu sa participation au Conseil des ministres qu’il présidait le vendredi dernier. Puis, dès le lendemain, les choses se sont accélérées avec l’interpellation de avec l’interpellation de Célestin Tunda Ya Kasende, le vice-premier en charge de la Justice par la Cour de cassation. Puis, hier dimanche, il y a eu cette sortie sous forme de protestation du premier ministre, Sylvestre Ilunga Ilukamba. Bref, le tandem au sommet de la RD Congo a connu des jours plus sereins.

Qu’on se détrompe pour autant. Ce genre de crise, on en aura de plus en plus dans ce pays. Car Félix Tshisekedi et Joseph Kabila, en dépit de ce qu’ils nous font croire, ne sont pas de véritables alliés. A l’occasion de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018, les deux avaient juste trouvé le moyen de passer ce cap. Pour le reste, ils sont plus des concurrents que des partenaires. De ce fait, ils s’épient et se guettent en permanence. Chacun flairant le faux-pas de l’autre, et chacun s’évertuant à tendre un piège ou à placer des bâtons dans les roues de l’autre. Et il en sera ainsi de cette guéguerre jusqu’aux prochaines élections présidentielles. Car il se passe que Félix Tshisekedi n’entend pas arriver à ce rendez-vous en victime résignée. Certes, il a conscience que le contexte ne lui est guère favorable. Mais il a tout aussi conscience de toutes les possibilités de renversement de situation que lui offre son statut actuel de président de la République. S’étant débarrassé de son rival interne qu’était Vital Kamerhe, il ne manquera pas d’user de tous les moyens dont il peut disposer pour essayer de rééquilibrer le rapport de force entre lui et Joseph Kabila. Sauf que la tâche ne sera point aisée pour lui. Car Joseph Kabila dont il s’agit n’est plus ni un novice en politique, ni un enfant de cœur. Ayant lui aussi pleinement conscience des enjeux, il ne sera guère facile de le dribbler. Bien sûr, sous la pression conjuguée de ses compatriotes et de la communauté internationale, il a dû lâcher la présidence de la République. Mais il se sera par la même occasion arrangé à tenir son successeur en laisse, en confisquant tous les autres leviers du pouvoir. En contrôlant la primature et les deux chambres du parlement (Assemblée nationale et Senat), il sait qu’il a d’importants atouts de son côté. Et si nécessaire, il n’hésitera pas à en activer quelques-uns. D’ailleurs, c’est à l’aune de ces querelles d’arrière-garde qu’il faut comprendre l’attitude du ministre de la Justice.

La crise de ces derniers jours n’est donc qu’un épisode d’un feuilleton que nous sommes appelés à vivre durant tout le long du mandat de Félix Tshisekedi. Un feuilleton dont le scénario était partie intégrante de l’espèce d’arrangement politique qui au permis au président de la République d’arriver aux affaires. En sorte que ni les deux principaux protagonistes, ni les observateurs qui assistent à tout cela ne sont vraiment surpris par tous ces événements. Les seules inconnues de l’équation, c’est le nom du vainqueur ultime de la bataille et le sort qui sera réservé au vaincu.

Boubacar Sanso BARRY

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