Après les manifestations contre les délestages dans la préfecture de Kankan, la grogne continue de s’étendre dans les autres préfectures de la région. Désormais, c’est toute la Haute-Guinée qui est en alerte, d’autant que la série de contestations du régime du président Alpha Condé commence à faire tâche d’huile dans tout son fief historique. Les habitants de la Haute-Guinée sont particulièrement remontés contre le bilan des dix ans de gestion de celui qui avait promis de libérer le pays de la mauvaise gouvernance. Une décennie après, la Guinée se porte très mal, la région de la savane guinéenne davantage : il n’y a pas d’eau, pas d’électricité, les infrastructures de base manquent…
Depuis la nuit dernière, plusieurs manifestants sont descendus dans les rues de Siguiri pour exprimer leur colère contre le manque d’électricité, d’eau et exiger la construction des routes dans la ville, rapporte le correspondant du Djely basé dans la région. Alors que certains jeunes ont signé avec les autorités un accord pour un moratoire de 15 jours, d’autres, s’estimant trahis par leurs camarades, semblent déterminer à la maintenir la pression sur les autorités. Ce mardi 14 juillet donc le moratoire de 15 jours accordé au gouvernement, après plus de trois heures de négociations hier dans les locaux de la préfecture, pour satisfaire les revendications des populations, ne tient que sur un fil.
Joint au téléphone, Yaya Traoré, l’un des jeunes leaders de la contestation ayant pris part aux négociations qui ont permis de suspendre officiellement les manifestations, a expliqué qu’après avoir discuté avec les autorités locales et les sages, « on a décidé de surseoir à notre manifestation pour le moment. On donne 15 jours de moratoire au gouvernement afin de résoudre les problèmes ».
Mais selon nos informations, cet accord n’a pas évité à Siguiri de vivre une journée de contestation ce mardi. En effet, depuis la nuit dernière, une autre faction manifeste dans les rues de la ville, située à 800 kilomètres à l’Est de Conakry. La tension y est vive entre les deux camps, d’autant que les partisans du moratoire appuyés par des contre-manifestants tentent d’étouffer la contestation.
Michel Yaradouno, Kankan pour Ledjely.com