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Barème de solde militaire : des sacs de riz et des millions pour réprimer les citoyens et protéger un “dictateur” ? (enquêtes)

Les disparités des statuts pécuniaires découlent de la multiplicité des statuts administratifs admis par la constitution pour tenir compte des particularités de certains services publics.

Depuis des années maintenant, l’armée guinéenne a tendance d’être au service d’un homme, elle réprime sa population dans le sang et protèges les dignitaires du pouvoir. Dans cet environnement où l’ensemble des couches socioprofessionnelles végètent dans la misère, nos frères et sœurs de la grande muette ne tirent pas également leur épingle du jeu.

Pour avoir, peut-être, dirigé une transition ayant abouti à l’élection d’un civil à la tête de la nation, le général Sékouba Konaté, avec son grade de général d’armée, serait aujourd’hui le plus haut gradé de l’armée guinéenne.

Au total, ils seraient 30 aujourd’hui à porter le grade de Général. Un (1) général d’armée, trois (3) généraux de corps d’armée, cinq (05) généraux de division et les autres portent majoritairement des grades de général de brigade. Ils sont essentiellement en service à l’Etat-major de l’armée de terre, à la marine, au haut commandement de la gendarmerie nationale et à la direction de la justice militaire.

Est-il aujourd’hui possible d’entrevoir un lien mystique qui devrait unir un peuple et son armée ? Pas si facile à répondre, car on observe un refus de la grande muette de chercher dans sa mémoire les éléments factuels, réels qui transcendent les différences et elle-même. Ce qui lui permettra d’avoir un sentiment national au lieu de protéger les dictateurs contre le peuple.

Fustel de Coulanges disait dans son livre ‘’La Cité antique’’ : « L’Etat social et politique d’une nation est toujours en rapport avec la nature et la composition de ses armées ».

C’est exactement ce que nous vivons aujourd’hui. Notre armée est la moins lotie de la sous-région. Notre peuple partage les mêmes quotidiens avec elle. Ailleurs, on observe que l’institution militaire est un élément intégrant du processus de développement politique et social. Mais, il faut comprendre l’attitude de la nôtre, qui est en manque de réputation et de statut social du métier. C’est pourquoi, elle reste encore à la périphérie des citoyens qu’elle est supposée défendre.

La solde des militaires guinéens et ses accessoires

Dans un pays où le barème de solde militaire monte au gré des envies des tenanciers du pouvoir, on ne peut qu’avoir une armée à sa solde.

Depuis quelques mois, par le décret N D/2020/069/PRG/SGG du 16 mars 2020, on fait miroiter une hausse de solde militaire pour avoir une main mise sur l’armée, à la veille de la mascarade du 22 mars 2020 et certainement dans la logique de la confiscation du pouvoir d’Etat en cette année électorale.

Désormais, l’unique général d’armée qui est l’ancien président de la transition avec un indice salarial de 28 339, doit prendre 7 113 089 GNF et 10 sacs de riz (pour 485.000 GNF). Les généraux de corps d’armée avec un indice de 22 810 prendront 5 725 310 GNF et 10 sacs de riz (pour 485.000 GNF). Les généraux de division eux sont subdivisés en trois groupes. Ceux exceptionnels, avec un indice de 21 427, reçoivent 5 378 177. Ceux qui ont fait 2 ans de grade ou 30 ans de service avant 2 ans de grade et un indice de 17 971, prennent 4 510 721 GNF. Ainsi les autres officiers, la solde et les accessoires varient, selon l’indice.

Si les colonels ont une solde qui varie entre un indice 14 861 à 12 326 pour une solde qui varie entre 3 730 111 GNF à 3 093 826 GNF et 08 sacs de riz (pour 388 000 GNF), les lieutenants colonels eux ont un indice de 12 240 à 11 549, pour une solde 3 072 240 GNF à 2 898 799 GNF et 08 sacs de riz (pour 388 000 GNF).

Les commandants se retrouvent avec un indice de 10 858 à 9475 pour un salaire de 2 725 358 GNF à 2 378 225 GNF et 06 sac de riz (pour 291 000 GNF), les capitaines eux se retrouvent dans l’indice de 9331 à 7 402 pour un intervalle salarial de 2 342 081 à 1 857 902 et 05 sac de riz (pour 242 500 GNF).

Les lieutenants avec l’indice 7 258 à 7 027 prennent entre 1 821 758 GNF à 1 763 777 GNF et 04 sacs de riz pour une prime de 194 000 GNF. Quant aux sous-lieutenants qui sont dans l’indice de 6 912 à 6768, la solde est dans l’intervalle de 1 734 912 GNF à 1 698 768 GNF et 04 sacs de riz (pour 194 000 GNF, le prix soustrait de la solde).

Pour le grade d’aspirant, l’indice est de 6 710 à 6 624 pour une solde variante entre 1 684 210 GNF à 1 662 624 GNF.

Si les officiers sont contraints à accepter cette vie misérable, les sous-officiers devront juste constater le fait d’être mal rémunérés, voilà pourquoi le pouvoir utilise cela pour réprimer les manifestations populaires et éliminer les voix discordantes dans le pays.

Ainsi, les sous-officiers de l’échelle 4 à l’échelle 2 se retrouvent entre un indice de 6797 à 5 011 avec une solde qui flotte entre 1 706 047 GNF à 1 257 761 GNF. Quant aux militaires du rang de l’échelle 4 à l’échelle 2, entre un indice de 5 875 à 2 045 se retrouvent dans la fourchette de 1 474 625 GNF à 513 295 GNF.

C’est bien évident, les indemnités de risque que reçoivent les navigants et les sédentaires de notre armée est juste dérisoire avec le train de vie du Guinéen d’aujourd’hui.

Au niveau de l’armée de l’air, les officiers navigants perçoivent 50 000 GNF et les sédentaires 45 000 GNF, les sous-officiers navigants 45 000 GNF et sédentaires 40 000 GNF et les militaires du rang 40 000 GNF pour les navigant et 35 000 GNF sédentaires.

Les mêmes indemnités sont valables au niveau de la marine nationale, l’armée de terre et la gendarmerie, mais aussi au niveau des troupes aéroportées qui exceptionnellement n’auraient que des troupes navigantes.

A l’armée, comme dans la vie civile, la misère est la chose la mieux partagée. Pour mieux comprendre cela, livrons les indemnités des charges militaires. Les officiers perçoivent 65 000 GNF, les sous-officiers 60 000 GNF, militaires de rang 55 000 GNF. Et pour mieux comprendre la paupérisation aujourd’hui, le ministère d’Etat auprès du président de la République chargé de la Défense nationale donne une indemnité de cherté de vie de 25 000 GNF.

Après 10 ans de gouvernance, le pouvoir d’Alpha Condé a été incapable d’offrir des casernes dignes à l’armée, mais se limite plutôt à donner une indemnité de logement de 95 000 GNF. Et nous savons tous aujourd’hui le coût du logement dans notre pays.

Tenez-vous bien, l’allocation familiale s’élève à 2000 GNF, la prime globale d’alimentation de 20 000 GNF et les primes de transport à 175 000 GNF.

Enfin, il est évident aujourd’hui que les réformes annoncées dans les différents secteurs, comme dans notre armée, restent un mirage. Dans son programme de gouvernance 2015-2020, il avait pris onze (11) promesses pour les secteurs de la défense et de la sécurité.

Mais hélas, aucune presque n’a été réalisée. Même si nous savons qu’Alpha Condé a toujours clamé « qu’en Guinée, plus le mensonge est gros, plus on y croit ».

Comprenons aisément que cela doit être enfin stoppé par toutes les couches socio-professionnelles.

Abdoulaye Oumou SOW,
Journaliste Blogueur

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