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COUP D’ÉTAT AU MALI : l’échec de la CEDEAO

CEDEAO

Aux événements intervenus dans la journée de ce mardi 18 août 2020 au Mali, on peut trouver de nombreuses explications. On peut notamment y voir la conséquence de la corruption et de la mauvaise gouvernance économique que l’on a tant dénoncées de la part du pouvoir d’Ibrahim Boubacar Keïta. De même qu’on peut y voir le reflet de ce trop-plein de malaise général dont le Mouvement du 5 juin (M5) était devenu le porte-flambeau. Les bruits de bottes partis du camp de Kati et qui ont fini par la démission forcée du président de la République peut également avoir pour origine cette lancinante insécurité qui tenaille le pays depuis plus de sept ans et face à laquelle l’échec des autorités n’est que trop évident. Mais surtout, cette pathétique démission et tous les événements auxquels elle pourrait déboucher sont de la responsabilité de la CEDEAO. Cette organisation sous-régionale qui, jusqu’à récemment, était une référence sur le continent, est en effet redevenue un syndicat de chefs d’Etat. Une instance au sein de laquelle les dirigeants ne sont préoccupés que par leur protection réciproque, quitte à reléguer au dernier plan, les légitimes aspirations des peuples. C’est en effet son insensibilité notoire au cri de cœur des Maliens qui débouche cette image humiliante pour tout le continent où on voit un président en fonction, les traits tirés et la gorge nouée par l’émotion, rendre le pouvoir, contraint et forcé.

Le divorce était consommé entre IBK et les Maliens

C’est en effet l’obsession des dirigeants de la région de défendre leur homologue IBK au détriment des légitimes revendications des Maliens qui a conduit à cette impasse. Autrement, depuis des mois, il est évident qu’entre le pouvoir actuel et les Maliens, le divorce est consommé. Les grosses manifestations suscitées par le M5 sont à propos particulièrement illustratives. Mais quelles réponses la CEDEAO a-t-elle apporté à la crise ? L’arrogance, la prétention et le déni. Ainsi, à l’issue d’un sommet virtuel extraordinaire qu’ils ont consacré le lundi 27 juillet dernier à cette crise malienne, les dirigeants des 15 pays de la CEDEAO s’étaient bornés à renforcer le pouvoir de leur homologue, menacé de démission. Ils ne s’étaient pas limités à s’opposer à la destitution d’IBK. Ils avaient aussi fermement martelé qu’il n’est pas question que son PM, lui aussi soit sacrifié. Et même dans le partage du pouvoir qu’ils préconisaient, ils sollicitaient expressément que la balance penche en faveur d’IBK aussi bien en nombre qu’en qualité. Ils n’avaient même pas osé demander la dissolution de l’Assemblée nationale dont l’élection est pourtant la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Et bien sûr, la question des victimes ayant résulté de la répression des manifestations par le pouvoir, n’aura occupé qu’une place plutôt congrue dans le communiqué final du sommet. Quant à la corruption généralisée et au malaise social dont se plaignent les Maliens depuis des années, il n’en a tout simplement pas été question.  Par contre, ils n’avaient oublié de prévoir des sanctions à l’encontre des opposants à leur fameux plan de sortie de crise.

Des présidents aux “capacités divines”

Ceci étant, il s’agit d’un recul d’ordre général. Jadis en Afrique, avec notamment les coups réussis par Y’en marre au Sénégal et le Balai citoyen au Burkina Faso et la gestion de la crise ayant abouti au départ de Yahya Jammeh du pouvoir en Gambie, l’Afrique de l’ouest passait pour une espèce d’oasis au milieu d’une vaste étendue où la démocratie demeure encore un luxe. D’autant qu’à ces trois cas, on pouvait ajouter le Ghana, la Sierra Léone, le Libéria et le Bénin. Mais ces dernières années, cette image positive à laquelle on se plaisait à associer l’ouest-africain ne cesse de s’effriter. Une dégradation dont la responsabilité, en grande partie, incombe à l’instance sous-régionale qu’est la CEDEAO. Comme si au sein de l’institution, quelques dirigeants rétrogrades avaient pris le pas sur les progressistes, on assiste au retour à un passé qu’on croyait révolu. En particulier, le principe de l’alternance est de plus en plus battu en brèche dans la sous-région. En lieu et place, émergent çà et là, de fumeuses théories remettant en cause la pertinence de la limitation des mandats pour lui substituer la thérapie des présidents aux ‘’capacités divines’’.  Conséquence, au-delà du Togo, la voie de l’alternance se trouve obstruée en Guinée et en Côte d’Ivoire. Ce, avec la bénédiction, sinon la complicité du machin de la CEDEAO. Et même en Guinée Bissau, n’eut été le grain de folie qui caractérise le président Embalo – pourtant régulièrement déclaré vainqueur du second tour – il serait encore loin du palais présidentiel.

Décalage

Le vrai fond du problème, il est bien dans le décalage entre l’élite dirigeante incarnée par le club formé par les présidents et les populations que cette élite censée servir. Deux mondes diamétralement opposés. Les uns, misérables, aspirent à des conditions de vie acceptables par le biais d’une gouvernance vertueuse et respectueuse des hommes et des principes. Les autres, se gavant des rares ressources des Etats, sont prêts à tout pour ne pas perdre des privilèges qu’ils ont souvent indûment acquis.

Boubacar Sanso BARRY

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