Lors de la dernière visioconférence des chefs d’État de la CEDEAO sur le coup de force ayant entraîné la démission du président Ibrahim Boubacar Keita, le président Bissau-guinéen a déclaré que si l’on doit condamner les militaires à l’origine du putsch, la conférence devrait aussi condamner les pairs qui souhaitent faire un 3e mandat. Sans les nommer, Umaro Sissico Embalo a lancé ses piques vers les présidents ivoirien, Alassane Ouattara, et guinéen, Alpha Condé.
Une sortie du chef de l’Etat bissau-guinéen qui n’est passé inaperçu auprès du parti au pouvoir à Conakry. Ce week-end, au cours d’un entretien accordé à la presse à son domicile privé, la porte-parole du RPG/Arc-ciel a répliqué aux propos du patron de Bissau.
Pour Domani Doré, ce qui se passe en Guinée est le résultat de la volonté du peuple. “Le président Embalo devrait apprendre que lorsqu’on a l’émanation de parler de droit constitutionnel ou d’une constitution, ce n’est pas une question liée à un chef d’État. C’est une volonté populaire qui est dévolue constitutionnellement au peuple et le peuple de Guinée, à travers un référendum, a accepté de revoir un certain nombre de choses dans le contenu de la constitution. Et entendre un chef d’État omettre ce respect traditionnel que l’on doit avoir pour les voix du peuple, c’est brandir comme quelqu’un qui devrait donner des leçons sur le plan constitutionnel. Je crois que par respect pour le peuple bissau-guinéen, je souhaite qu’il revoie ses notes quand il s’agit de droit constitutionnel”, a-t-elle déclaré.
La député du parti au pouvoir estime que l’âge joue sur le président Umaro Cissoko Emballo. “Il y a ce qu’on appelle la maturité par rapport à l’âge et M. Embalo est en train de nous faire comprendre que malgré son âge qui est salué par beaucoup de jeunes, à la direction d’un pays, je crois qu’il y a une question de maturité qui se pose. Mais comme il aime bien parader, je crois que sur des questions pareilles on prend ça comme de la parade”, a-t-elle souligné.
Depuis l’élection du président Bissau-guinéen, les relations sont tendues entre lui et son homologue guinéen. Dans une interview accordée à Jeune Afrique, Umaro Cissoko Emballo a évoqué ses relations avec Alpha Condé en ces termes : “J’ai appris qu’il parlait mal de moi devant tous les chefs d’État, il a tout fait pour gâter mon nom. Alors je suis à mon tour devenu très hostile à son égard, pour lui montrer qu’il n’était pas mon père“.
Cette position du président de la Guinée-Bissau par rapport aux situations politiques en Guinée et Côte d’Ivoire, où les présidents Alpha Condé et Alassane Ouattara s’apprêtent à briguer un troisième mandat à la tête de leurs Etats, après avoir fait changé les constitutions de leurs pays, risque de refroidir davantage les relations avec ces deux aînés considérés comme des poids lourds de la sous-région. Ce qui explique notamment la colère de Domani Doré envers le général Umaro Cissoko Emballo…
