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MALI : IBK s’en tire à bon compte

Ibrahim Boubacar Keïta peut se frotter les mains. Le désormais ex-président malien ne retourne certes pas dans l’enceinte du palais Koulouba. Mais avec l’issue qui se dessine pour lui, il a des raisons de s’estimer heureux. Car ce n’est pas tous les jours qu’il est ainsi offert à un président renversé par des militaires, la possibilité de retourner à son domicile sans aucune égratignure. Or, dans le cas d’IBK, il a même la latitude désormais d’aller se soigner dans le pays de son choix. Grâce au syndicat qu’il formait avec ses désormais anciens homologues de la sous-région, il n’aura même pas à s’expliquer sur sa gestion du pays. Gestion que les Maliens auront pourtant vertement dénoncée tous ces derniers mois à coups de manifestations monstres dans les rues de Bamako et de l’arrière-pays. Alors même qu’en Mauritanie voisine, Mohamed Ould Abdelaziz, président s’étant retiré au terme de ses mandats, était récemment entendu sur sa gestion passée ; et qu’au Soudan, Omar El Bachir, lui aussi renversé à la suite d’une contestation, purge déjà sa peine pour corruption et possession illégale de devises étrangères.

Pour Ibrahim Boubacar Keïta et les siens, le ciel s’est obscurci depuis ce fameux mardi 18 août 2020. En Afrique, pour un dirigeant qui, comme le désormais ex-président malien, était au cœur d’un pouvoir dont il profitait largement des privilèges, cette dernière semaine a de quoi ressembler à l’enfer. Cependant, IBK peut avoir échappé au pire. En effet, au-delà de son arrestation et de son renvoi du palais, les militaires auraient pu légitimement exiger de lui des comptes. Çà n’aurait nullement été immérité pour l’ancien président et l’essentiel des collaborateurs dont il s’était entouré. C’est même ce qu’il aurait fallu faire, dans la dynamique de la refondation du Mali que les forces vives appellent de leurs vœux. Mais avec les pressions de la communauté internationale en général et de la CEDEAO en particulier, le CNSP aura préféré relâcher l’ancien président, en signe de gage de bonne foi.

Ainsi donc, l’ancien président malien s’en va en laissant derrière lui de nombreux scandales dont l’accumulation n’est pas étrangère au sort à lui réservé ces dernières semaines. A propos, on peut citer la toute première d’entre ces sulfureuses affaires ayant écorné l’image d’IBK. Il s’agit de l’achat en 2014 par le chef de l’Etat d’alors d’un avion à 19 milliards de FCFA. Au-delà du coût de l’appareil, ce qui avait été dénoncé à l’époque, ce sont les conditions plus qu’opaques dans lesquelles le Boeing 737 avait été acquis. Le contrat d’armement passé en 2013 entre l’Etat malien et la société Guo Star, pour un montant de 69 milliards de FCFA, lui aussi, avait fini par faire parler. Passé sans appel d’offre, il avait ulcéré jusqu’au Fonds monétaire international (FMI). En mai 2015, avait également éclaté l’affaire dite des « engrais frelatés ». En dépit de la mise en garde de la Côte d’Ivoire par laquelle les dits engrais avaient transité, ils s’étaient retrouvés sur le sol malien, après que le Burkina Faso, pays de leur destination initiale, ait interdit leur entrée. Mis sous pression, le dirigeant malien avait vaguement et laconiquement admis des dysfonctionnements dans l’appareil d’Etat. Mais parmi ses adversaires, quelques-uns l’avaient directement indexé comme étant responsable de cet autre scandale opéré sur le dos des agriculteurs maliens. A tout cela, l’on peut ajouter les relations douteuses entre l’ancien président et Michel Tomi, le « parrain des parrains » ainsi que le goût du luxe dont le président et sa famille ont fait montre. On peut aussi mentionner au titre des passifs de l’ex-président malien, la déstructuration du système éducatif ainsi que son incapacité notoire à faire face à l’insécurité dans son pays.

Bref, l’ancien président malien n’est pas si blanc que pourrait le laisser croire le boubou blanc qu’il affectionne tant. Loin d’améliorer la situation au Mali, lui, certains de ses collaborateurs et ses proches ont davantage agenouillé le pays. Ils ont spolié les maigres ressources et désacralisé les valeurs de probité et de bonne gouvernance. Il aurait donc été loisible qu’ils s’en expliquent. Mais au lieu de cela, l’ancien président lui-même est désormais à son domicile, avant de pouvoir sortir du pays pour, dit-on, aller se soigner. Quant à son enfant, le sulfureux Karim Keïta, grâce à la complicité très probable d’Alassane Ouattara, il a pu quitter le pays sans avoir pu rendre des comptes.

Boubacar Sanso BARRY

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