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PRESIDENTIELLE 2010 : Tibou Kamara a-t-il influencé l’issue du 1er tour ?

Les faits remontent à dix ans et, de ce fait, auraient dû être rangés dans le passé. Sauf qu’aujourd’hui encore, ils continuent à susciter interrogations et controverse. La gestion des résultats du premier tour de 2010 ne fait pas l’unanimité. Comme elle l’avait fait à l’époque, l’Union des forces républicaines (UFR) de Sidya Touré continue à alléguer qu’on lui a injustement privé de la deuxième place synonyme de qualification pour le second tour. Quant aux soutiens d’Alpha Condé au détriment de qui devait se qualifier l’ancien premier ministre, ils assimilent les prétentions de l’UFR à de la surenchère. Pour le reste, disent-ils, seul le droit à été respecté. Mais au cœur de ce débat, on retrouve Tibou Kamara, à l’époque ministre d’Etat à la présidence auprès du général Sékouba Konaté. Selon en effet les témoignages de quelques acteurs de cette époque, l’actuel ministre de l’Industrie et des PME a pesé de tout son poids sur l’ordre d’arrivée du premier tour. Toute la question est de savoir s’il a eu raison de faire le choix qui a été le sien.

Bouya Konaté, actuel président de l’Union pour la défense des intérêts républicains (UDIR) et candidat à la présidentielle du 18 octobre 2020 était à l’époque des faits, ambassadeur itinérant et très proche du général Sékouba Konaté. Chez nos confrères de Djoma TV, il a rappelé cette semaine les circonstances dans lesquelles feu Ben Sékou Sylla, ancien président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) est venu rendre compte des résultats du premier tour au général Konaté. « Le jour où Ben Sékou est venu, j’étais dans la salle », dit-il. Il poursuit : « Il est venu avec les documents qui retraçaient les résultats. Il a dit au général : écoutez, Elhadj (Cellou Dalein Diallo, ndlr) est venu en premier, Alpha Condé est venu en deuxième, Sidya Touré est venu en troisième. Mais il y a eu fraude à Siguiri, Kouroussa et Mandiana. On a (donc) annulé (les votes de ces trois villes, ndlr) et Sidya est devenu 2ème ». A cette explication de l’ancien président de la CENI, le général Sékouba Konaté aurait répondu : « Ecoutez, je refuse de me mêler de ça. Allez régler ça entre vous, allez voir le premier ministre, Jean-Marie Doré ».

Ben Sékou Sylla et ceux qui l’accompagnaient s’apprêtent donc à sortir. Mais à la porte, ils croisent Tibou Kamara qui rentrait. A ce dernier, il donne les mêmes explications qu’il venait de fournir au général Sékouba Konaté au sujet des résultats du premier tour. « Le ministre conseiller d’Etat à la présidence lui demande en quelle qualité il s’était autorisé à annuler le vote et exige que le vote tel que sorti des urnes soit transmis à la Cour suprême, et que c’est à cette dernière de dire s’il y a eu fraude ou pas, et que chacun irait se défendre à ce niveau », relate encore Bouya Konaté.

Mais il y a trois ans, c’est une version sensiblement différente que l’intéressé Tibou lui-même livrait de ces événements chez nos confrères d’Africaguinee. En gros, il y déclarait à propos : « je tiens à redire que c’est moi qui ai demandé à ce que la vérité des urnes soit rétablie. Parce que lorsque Ben Sékou a expliqué que c’est à la suite de l’élimination des voix dans les fiefs d’Alpha Condé qu’il s’est retrouvé à la 3è place, et que Sidya est monté à la deuxième place, je lui ai dit que c’était injuste parce que le vote sur l’ensemble du territoire national a connu beaucoup d’irrégularités, pourquoi alors faire une élimination sélective des voix ? Parce que si on tenait compte des irrégularités, c’est tout le vote qu’il fallait annuler, ce n’était pas dans une partie du pays et dans le fief d’un des candidats surtout que cela modifiait l’issue du scrutin. Donc je l’assume pleinement parce que ce n’est pas une faveur que j’ai faite au Président Alpha Condé, c’est une injustice que j’ai évitée. Il fallait une égalité, une équité entre les candidats ».

Il importe par ailleurs de savoir la CENI de Ben Sékou Sylla avait le droit d’annuler les votes des trois circonscriptions que sont Siguiri, Kouroussa et Mandiana ? Et pour répondre à cette question, nous nous sommes replongés dans le Code électoral qui avait régi les élections de 2010. Eh bien, en son article 162, il était disposé : « au vu de tous les procès-verbaux des commissions administratives de centralisation, la CENI effectue le recensement général des votes. Si au cours du recensement général des votes, il apparait que la cohérence des résultats figurant dans les procès-verbaux est entachée d’un vice substantiel affectant la sincérité de leur rédaction, la CENI, après vérification des procès-verbaux en séance plénière, en prononce la nullité par décision formelle à la majorité des 2/3 des commissaires composant la CENI. Dans ce cas, le nombre d’inscrits dans les procès-verbaux déclarés nuls n’est pas pris en compte dans la récapitulation générale des votes ».

Bien sûr, il faudra chercher à comprendre si la décision d’annulation des votes des circonscriptions de Siguiri, Kouroussa et Mandiana avait été prise par les 2/3 des membres de la CENI. Mais en attendant, il convient d’admettre que la CENI disposait bel et bien du droit lui permettant d’annuler des votes, à condition que les motifs d’une telle annulation soit réunis.

Hawa Bah

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