Les étudiants prennent le président Alpha Condé au mot. Si son crédo au début de ce troisième mandat, c’est ‘’Gouverner autrement’’, à leur tour, ils demandent à ‘’étudier autrement’’. Invité par nos confrères d’Espace FM, au lendemain des manifestations qui ont émaillé ce jeudi 17 décembre les universités publiques de la capitale et de l’intérieur du pays, Kabinet Keïta, le président de l’Association scolaire et estudiantine de Guinée (A-SEG), se veut sans équivoque. Pour lui, il n’est pas concevable que les frais d’inscription et de réinscription des étudiants soient maintenus respectivement à 250.000 et 200.000 GNF. D’autant que selon lui, les justifications fournies par les autorités à l’appui de la hausse brusque de ces frais ne sont pas fondées. Selon lui, en effet, la confection des cartes estudiantines, l’assurance médicale la biométrie, entre autres, alléguées par les responsables de l’enseignement supérieur seraient commune mesure avec les montants qu’on demande aujourd’hui pour l’inscription et la réinscription. Tous ces services, dit-il, n’excéderaient pas 25.000 GNF, dans les conditions normales.
De fait, à l’issue des premiers remous suscités par ces frais, une concertation s’est mise en place entre les étudiants et le ministre de l’Enseignement supérieur. « Nous avons voulu qu’il suspende le processus d’inscription et de réinscription dans les universités publiques, il a dit que cela n’est pas directement de son ressort, qu’il fallait entamer des procédures administratives : aller en conseil interministériel, aller en conseil des ministres, convaincre le président de la république, etc. », explique Kabinet Keïta au micro de nos confrères.
Le porte-parole des étudiants trouve paradoxal qu’on puisse demander respectivement 250.000 et 200.000 GNF pour l’inscription et la réinscription, alors que, selon lui, les « conditions d’étude dérisoires ». Et pour étayer ces conditions, il rappelle tout d’abord que pour retirer les fiches de note, les étudiants déboursent 10.000 GNF. En outre « nos salles sont males aérées, les conditions de commodité ne sont pas là », dit-il. Il fait même un parallèle entre les bourses que perçoivent les étudiants de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar et celles que touchent les étudiants guinéens. Les premiers percevraient au moins 40.000 CFA, soit environ 800.000 GNF, quand ceux de la Guinée ne toucheraient que 105.000 GNF.
En conséquence, Kabinet Keïta estime que s’il y a un secteur dans lequel le slogan ‘’Gouverner autrement’’ doit se matérialiser, c’est bien celui de l’éducation. « Le président a dit qu’il faut gouverner autrement, alors nous aussi il faut que nous étudiions autrement », exige-t-il. Dans la foulée, il appelle le président à « prendre en compte les aspirations légitimes et nobles des étudiants » les responsables en charge de l’Enseignement supérieur, à privilégier le dialogue.
En tout état de cause, il appelle à la continuité de la résistance pacifique et active sur le terrain. « Si ça ne descend pas à 50 000 GNF, nous allons continuer les protestations pacifiques », annonce-t-il.
A préciser qu’en marge des protestations d’hier, l’on a enregistré des violences ayant causé des blessés et des interpellations dans les rangs des étudiants. Pour l’heure, leur nombre et leur destination demeurent méconnus.
Hawa Bah