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SAHEL : la France déplore de nouvelles pertes

C’est une mauvaise nouvelle qui vient relativiser sinon remettre en cause les succès dont les autorités militaires et politiques françaises s’étaient réjouies ces derniers mois à propos de la lutte contre le terrorisme islamique dans le Sahel. Si on peut admettre que la stratégie post-sommet de Pau de janvier 2020 aura bel et bien permis d’infliger des revers de taille aux groupes terroristes qui écument la région du Sahel, la mort ce lundi de trois nouveaux soldats français de l’opération Barkhane, nous rappelle, quant à elle, que la guerre contre le mal est loin de connaître son épilogue. Abelmalek Droukdel, le chef historique d’Aqmi a certes été « neutralisé ». Ce qui en soi n’est pas le moindre des coups qui aient été assenés au terrorisme. Mais il convient d’avoir à l’esprit que l’ennemi contre lequel la bataille est menée est à la fois plus diffus et plus ancré dans la région. Au point qu’il est à se demander si l’hypothèse du dialogue avec certains de ces groupes armés est si insensée que cela. Même si cette option non plus n’est pas nécessairement la panacée.

Un rappel à la dure réalité !

Quarante-sept, c’est le total de soldats que la France a perdus depuis son engagement en 2013, dans le conflit contre le djihadisme qui s’était d’abord emparé du Mali avant de s’étendre progressivement à l’ensemble de la région sahélienne. Et à coup sûr, les trois dernières pertes enregistrées à Hambori, dans la partie malienne de la zone dite des « trois frontières » mettent un coup de pression supplémentaire sur les autorités françaises. Elles qui se demandent déjà comment sortir du péril Covid-19. Et le coup lié au décès de ces trois soldats est d’autant plus rude pour la France qu’il arrive à la suite d’une dynamique plutôt positive sur ce front de la lutte contre le terrorisme au Sahel. En effet, depuis le sommet de Pau de janvier 2020 – qui lui-même avait été consécutif à la perte de 13 soldats en novembre 2019 – la France rehaussant le contingent de Barkhane de quelques 600 soldats supplémentaires, avait infligé des revers cuisants aux groupes terroristes. Au point que ces derniers temps, surfant sur cette note rassurante, le commandement de Barkhane commençait à évoquer l’hypothèse que le renfort soit rappelé à la maison. De ce point de vue, la triple disparition enregistrée ce lundi par Barkhane est un appel à l’humilité et un rappel à la dure réalité. Celle selon laquelle le terrorisme est loin d’être vaincu dans cette vaste étendue de sable aride.

Dialoguer, pourquoi pas ?

La France n’ayant pas pour vocation de s’éterniser dans ces zones hostiles et les pays de la région, quant à eux, n’étant pas à la hauteur du point de vue des rapports de force, la question du recours à une autre stratégie se pose donc. A propos, le Mali a déjà mis sur la table l’hypothèse du dialogue avec les terroristes. Une idée des plus révoltantes à première vue. Car peut-on seulement envisager des discussions avec ceux qui n’ont pour seul langage que la terreur et pour seul mode de revendication que l’effusion du sang ? Mais à y voir de près, cette option n’est-elle plutôt dictée par le réalisme ? Si en près de huit ans, avec l’appui militaire de la France et les renseignements fournis par les Etats-Unis, on n’arrive toujours pas à venir à bout de ce mal dans la région, peut-on se reprocher de vouloir changer d’approche ? Le Nigéria, pourtant géant régional, n’est-il pas lui-même incapable de mettre fin à Boko Haram ? A l’inverse, il se dit que l’ancien président burkinabè, Blaise Compaoré, avait su par une certaine entente avec les mêmes terroristes, éviter à son pays les attaques djihadistes. De même, il se raconte que la Mauritanie ne doit pas sa relative tranquillité qu’à la seule force redoutable de son armée. Si la recette a fonctionné pour ceux-là, le Mali, le Niger et le Burkina Faso de Roch Marc Christan Kaboré auraient-ils tort de vouloir l’essayer à leur tour ? Certainement pas !

Quelle contrepartie ?

Il y a cependant un hiatus à l’intention que ces pays auraient de dialoguer avec certains groupes armés qui sèment la terreur dans la région. Que peuvent-ils donner aux terroristes en contrepartie de la paix qu’ils solliciteront ? En effet, dans les cas de Blaise Compaoré et de la Mauritanie dont nous parlions, la contrepartie était qu’ils ferment les yeux – s’ils ne le soutiennent pas – sur ce qui se passe chez les voisins. En d’autres termes, qui sera-t-il sacrifié pour que les trois pays retrouvent leur quiétude d’antan ? C’est la question à laquelle il faudra répondre avant de s’asseoir autour de la table avec les groupes terroristes.

Boubacar Sanso BARRY   

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