Après plusieurs tractations pour le choix du successeur du patriarche défunt de N’Zérékore, les 7 familles des descendants de Molou Goïkoya Zogbelemou viennent d’introniser Goïkoya Lambert Zogbélémou, un colonel de police à la retraite. Il est de la 5e génération de cette famille fondatrice de la ville de N’Zérékoré.
La cérémonie d’intronisation a eu lieu hier vendredi 8 janvier 2021 au quartier Kwitèyapoulou, en présence d’une franche importante de la population, dont les 22 chefs de quartiers de la commune urbaine mais aussi des représentants des villages environnants de la capitale régionale de la Guinée forestière.
A cette occasion, l’aîné des petits-fils de Molou Goïkoya Zogbelemou est revenu sur l’historique de la ville de N’Zérékoré. Selon Sékou Haba Zogbélémou, quand leur grand-père Goïkoya – de son vrai nom Molvi qui était guerrier – a fut du Libéria, il est venu s’installer à Gbilita, le tout premier village qui est devenu aujourd’hui la ville de N’Zérékoré. « Ce village se trouvait là où on appelle aujourd’hui marché forêt sacré. Delà, il a créé son canton où se trouve [le siège local de] l’actuelle BICIGUI », a-t-il rappelé. Et le doyen Sékou Haba Zogbélémou de poursuivre en termes : « Pourquoi on l’appelle N’Zérékoré ? Un jour Molvi était à la chasse et il a vu qu’il était un peu malade il a cherché à se traiter. C’est ainsi qu’il s’est rendu à une source où il a trouvé que l’eau était limpide, claire et il en a bu. Du coup, il s’est couché et s’endorma à côté d’une pierre. Quand il s’est réveillé, les galles et le mal qu’il avait, tout avait disparu. Après, il dit donc, je suis à côté de mon médicament qui veut dire en Kpèlè ‘zaly’ c’est le médicament et ‘kwolè’, à côté. Le tout donne ‘Zalykwolè’ ; par déformation des colons on dit N’Zérékoré. Cette pierre apporte bénédiction et c’est pourquoi on a envoyé le nouveau patriarche afin qu’il puisse avoir des bénédictions pour pouvoir bien conduire sa mission en tant que petit-fils de Molvi ».
Prenant la parole au nom des 7 familles Zogbéla, Pépé Michel Zogbélémou a laissé entendre que cet événement était tant attendu. « Aujourd’hui est un jour solennel pour nous les descendants de la famille Zogbéla. Ce qu’on a déploré dans cette affaire, c’est le fait qu’au vivant de notre papa Molo Holomou Zaly Zogbélémou, qu’il ait designer son neveu David Massa Zogbélemou pour le remplacer. Ce n’est pas une monarchie comme il le pensait. Un neveu ne peut prendre ce pouvoir pendant que ses oncles sont encore en vie. C’est pourquoi nous, les 14 représentants des 7 familles Zogbéla, on s’est retrouvé pour désigner notre père Goïkoya Lambert Zogbélemou qui est homonyme du fondateur de N’Zérékoré afin d’occuper ce poste. Aujourd’hui, le pouvoir est revenu à la source », a-t-il insisté alors que la question de désignation du nouveau patriarche de la ville déchire les descendants de Zogbélémou.
Abordant la question sur la polémique qui divise les descendants de Goïkoya, Pépé Michel s’est voulu d’être clair : « Il faut que le tour des pères finisse avant de parler de nous les enfants. Nous sommes 14 représentants des 7 familles mais si une personne n’est pas d’accord pour que ça soit notre père Lambert, je pense bien cela n’a aucun impact. Et le moment venu David va comprendre et il va rejoindre le groupe. Tout ce problème est créé par le défunt patriarche qui avait demandé aux gens extérieurs de la famille de choisir le patriarche après lui ».
Après son intronisation comme le 4ème patriarche de N’Zérékoré, Goïkoya Lambert Zogbélémou s’est fixé pour objectif d’unir les citoyens de la localité. « Ma mission principale, c’est comment unir les filles et fils de N’Zérékoré. Il y a eu trop de sang coulé dans cette ville et il faut que cela cesse », a-t-il déclaré. Par ailleurs, le nouveau patriarche a invité son ‘fils’ David Massa Zogbélemou à réintégrer les rangs, tout en apprenant l’histoire de la succession familiale.
Les autorités des qui étaient invitées à prendre part à cette cérémonie d’intronisation, à part les chefs de quartiers et des villages environnants, ont brillé par leur absence.