
Comme on le pressentait, les élections que le président Faustin-Archange Touadera s’est évertué à organiser et en vertu desquelles il a été réélu pour son second mandat, ne mettent pas fin aux problèmes sécuritaires dans le pays. Au contraire, on a l’impression que ces scrutins tenus dans un environnement des plus volatiles et au mépris d’une partie de l’opposition qui sollicitait leur report, vont davantage aggraver la situation.
C’est en tout cas ce que laissent croire les affrontements enregistrés ce mercredi 13 janvier 2021 aux abords de la capitale Bangui, entre des éléments des groupes armés et les forces armées centrafricaines. Ces dernières, épaulées par la Minusca, les soldats rwandais et les mercenaires russes auraient réussi à repousser les assauts adverses. Mais c’est déjà suffisamment inquiétant qu’ils aient réussi à se rapprocher si près de la capitale, le seul endroit que les autorités contrôlaient véritablement.
Il serait bien que le pouvoir centrafricain sorte du déni. L’heure n’est plus à se féliciter d’avoir repoussé des rebelles qui avaient tout de même réussi à arruver jusqu’à 9 km de la capitale. Surtout que de l’aveu même du porte-parole du gouvernement, Ange-Maxime Kazagui, les rebelles étaient puissamment armés. Les autorités devraient plutoôt nous dire comment les assaillants ont pu arriver jusqu’aux portes de la capitale. En particulier, il serait important de savoir si les rebelles n’ont pas des complices au sein des troupes régulières. Cette éventualité pouvant notamment se justifier par les liens éventuels entre les groupes armés et l’ancien président, François Bozizé. En effet, on dit de ce dernier qu’il a encore de solides soutiens au sein de l’armée centrafricaine. Au lieu de se réjouir de victoires factices et éphémères, le président Toudera et son gouvernement devraient donc prendre la mesure de la situation.
Mieux, les autorités centrafricaines devraient opter pour une solution durable de cette lancinante question sécuritaire. Il faut en effet mettre fin à la spirale de coups d’État cycliques qui auront fini par éroder l’autorité de l’État. Pour cela, Touadera et son équipe devraient commencer par réaliser qu’un pays qui se veut souverain ne peut reposer sa sécurité et la défense de son intégrité territoriale sur l’extérieur. La Minusca, le Rwanda et la Russie ne sont pas des solutions acceptables à la crise en RCA. Si les troupes nationales ne sont pas en mesure d’assumer ces missions régaliennes, que le gouvernement en tire routes les conséquences. Ce qui ne veut pas dire qu’il doit nécessairement débarrasser le plancher. Mais les questions qui assaillent la nation et qui, depuis trop longtemps, inhibent la marche en avant du pays doivent faire l’objet de larges concertations. Soixante ans après l’indépendance du pays, on ne peut pas continuer avec la politique de l’autruche consistant à ignorer les problèmes cruciaux du pays. Si les élites politiques ont toujours su profiter de cette tragi-comédie, ce n’est pas le cas des populations. Violées, violentées et soumises aux affres de la misère, elles méritent qu’on les prenne en compte et qu’on les écoute. Enfin!
Boubacar Sanso Barry