Quatorze des vingt-trois conseillers de la commune rurale de Karifamoriah, relevant de la préfecture de Kankan, ont signé la semaine dernière une pétition dans laquelle ils accusent le maire Abdoulaye Kaba d’indisponibilité et de gestion opaque des affaires courantes de la collectivité. Longtemps sollicité pour avoir sa version, le mis en cause a enfin brisé le silence, ce mardi 19 janvier 2021, lors d’un entretien qu’il accordé au correspondant du Djely en Haute-Guinée.
Élu maire de Karifamoriah à l’occasion des élections communales du 4 février 2018, sous la bannière du parti au pouvoir le RPG/Arc-en-ciel, Abdoulaye Kaba – également député à l’Assemblée nationale – fait face à des multiples critiques au sein de sa collectivité. Plus de la moitié de ses collaborateurs ne veulent plus de lui, en raison de “son indisponibilité » et de la “gestion opaque » de plus d’un milliard quatre cents millions de francs guinéens alloués à la commune rurale par l’Agence nationale de financement des collectivités (ANAFIC).
Sur la première accusation, le député-maire a précisé lors de cet entretien : “Je ne fais jamais quatre mois sans être ici. Et d’ailleurs, je ne suis pas le seul maire à être député en Guinée. C’est la loi qui le permet et chaque citoyen de Karifamoriah devrait s’en réjouir. A Conakry, je tape à toutes les portes et je dirige beaucoup d’initiatives vers ma commune. Je vous rappelle aussi que l’administration est une continuité et tout le maillon est là et chacun fait son travail comme le veulent les populations ».
Parlant de sa destitution voulue par les quatorze dissidents, Abdoulaye Kaba est clair : “Ce n’est pas un beau matin qu’on peut se lever et demander le départ de quelqu’un. S’il y a des preuves palpables (contre moi), je vais démissionner. Les leaders de ce mouvement sont des transfuges et des infiltrés au sein du RPG/Arc-en-ciel. La plupart des conseillers, étant analphabètes, ont signé sans savoir de quoi il s’agit et d’autres signatures ont été aussi imitées ».
Aux accusations de détournement des cent millions restants des fonds alloués par l’ANAFIC, il a souligné : “J’ai entendu parler qu’après les chantiers de l’Agence nationale de financement des collectivités, il est resté une somme de 100 millions. Mais je n’ai pas vu la couleur de cet argent, à plus forte raison le touchez. Dans les activités de l’ANAFIC, la commune ne voit même pas de l’argent ».
Poursuivant, Abdoulaye Kaba a balayé d’un revers de la main l’ensemble des accusations de ses détracteurs, qui disent n’avoir jamais pris part aux sessions de la mairie. Des allégations que le maire rejette vigoureusement. “Voici le registre où eux-mêmes ont signé. Malgré la pandémie du nouveau coronavirus qui sévit dans notre pays, nous avons pu organiser quatre sessions ordinaires depuis notre installation en 2019 et deux extraordinaires sur les 8 prévues ».
En outre, il invite ses détracteurs à revenir à des meilleurs sentiments et à resserrer les rangs pour le développement de la commune rurale de Karifamoriah. “Ce sont mes jeunes frères ! Qu’ils viennent travailler avec nous pour développer notre commune », a-t-il lancé en guise de conclusion.
Michel Yaradouno pour Ledjely.com