Le décalage entre les contenus des programmes du système éducatif guinéen et les besoins sur le marché de l’emploi font très souvent l’objet de débat. Mais de toute évidence, le problème ne trouve toujours pas de solution. En tout cas, désormais, c’est l’étudiant Amadou Tall, qui a récemment publié un recueil de poème à 18 ans seulement qui dénonce lui aussi en particulier la vétusté des technologies enseignées au département physique de l’Université Gamal Abdel Nasser de Conakry. Après avoir fait de brillantes études primaires et secondaires, sanctionnées par l’obtention d’un baccalauréat en sciences mathématiques en 2019, il a dû stopper son cursus. De fait, Amadou Tall est passionné de l’ingénierie et des technologies électroniques. C’est d’ailleurs la région pour laquelle il s’était orienté vers le département de physique il opte pour la physique à l’université de Conakry. Mais il ne s’y retrouve pas et choisit de faire une pause.
Il n’a fait que deux mois de cours avant d’arrêter de son propre gré. “Je ne voyais pas mes objectifs atteints là-bas“, explique-t-il. S’il n’est plus sur les bancs de l’université, Amadou Tall ne tombe pour autant dans l’oisiveté. “Je suis en train de travailler sur des compétences comme l’anglais et l’informatique de base“, car dit-il, “l’ingénierie et les technologies électroniques, sont en fait quelque chose de très avancé pour notre pays, donc notre système éducatif n’a pas encore mis en place quelque chose qui puisse permettre aux étudiants d’aller vers ces domaines là, donc pour moi ce qu’il faut en fait c’est apprendre le maximum, avant de faire cap sur un autre pays qui puisse aller dans l’atteinte de mes objectifs“.
Le jugement d’Amadou Tall sur certaines disciplinées enseignées à l’université de Conakry sont sans concession. “Du côté de Gamal on est pas prêt : niveau formation, niveau présence des professeurs et niveau programme. Le contenu même des cours n’est pas quelque chose qui puisse me permettre d’aller vers l’atteinte de mes objectifs. Ce n’est pas que c’est trop élémentaire, mais ce n’est pas en relation avec ce que je veux devenir. Disons que depuis 30 ans, le système n’a pratiquement pas changé, alors que le domaine des technologies doit évoluer avec le monde”, explique l’étudiant.
A noter que le bachelier compte réunir les moyens techniques et financiers afin de poursuivre ses études à l’étranger. Ce, dans le but de devenir un ingénieur à la te d’une multinationale multisectorielle ayant pour vocation l’innovation technologique à travers des projets sociaux et économiques. Tel est en tout cas le rêve qu’il nourrit depuis des années.
Hawa Bah