C’est par l’exposition des photos de « quelques prisonniers disparus en Guinée », accompagnée de sons de fanfares, que l’Association des victimes du Camp Boiro (AVCB) a démarré dans la matinée de ce lundi 25 janvier 2021, la commémoration du cinquantenaire des pendaisons de 1971 à Conakry. Cette année, la marche à pris fin par un dépôt d’une gerbe de fleurs sur le pont 8 novembre, où des prisonniers politiques furent pendus sous le régime du président Ahmed Sekou Touré.
Vêtus de tee-shirts rouge sur lesquels on pouvait lire : « Plus jamais ça ! », les proches des victimes ont fait une déclaration dans laquelle ils demandent à nouveau justice. De là-bas, ils se sont donnés rendez-vous à Donka, chez la famille de Diallo Telli, le premier secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), l’ancêtre de l’Union africaine, non loin du sinistre Camp Boiro, pour une cérémonie de lecture de Saint Coran.
Dans ses propos, Aboubacar Conté, le secrétaire exécutif de l’AVCB, a demandé à nouveau la réouverture du dossier des victimes de la première République. « Aujourd’hui, nous victimes et enfants de victimes de toutes ces répressions, appelons les autorités à se pencher sur cette page douloureuse de notre histoire. Il est temps de mettre fin à l’omerta savamment entretenue. Il est temps que la vérité et la justice réconcilient les Guinéens avec leur passé. Ce passé ne peut être travesti par le mensonge entretenu par le PDG et son leader Sékou Touré », a-t-il estimé.
Pour y arriver, M. Conté qui a perdu son père sous le régime du premier président de la Guinée demande l’implication de chacune des victimes ou leurs familles, citant au passage des cadres actuellement en fonctions, comme le Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana ou encore les ministres Boubacar Barry, Abdoulaye Magassouba et Mohamed Diané ainsi que le vice-gouverneur de la Banque centrale de la République de Guinée (BCRG). « Nous demandons au président de la République de Guinée, le professeur Alpha Condé, d’instruire son gouvernement afin que le dossier du Camp Boiro, soit débattu. Car chacun a perdu un ou plusieurs membres de sa famille dans ces purges ; et le professeur Alpha Condé fut à l’époque victime à tort d’une condamnation à mort par contumace. Messieurs les membres du gouvernement, vos pères, vos oncles, vos frères, nos pères, n’ont jamais été des traîtres contre la Guinée. C’étaient des hommes bien éduqués, bien formés, des hommes d’honneurs. Ils n’ont pas leurs places dans des fosses communes. Ils doivent être réhabilités. Les charniers doivent être mis à la disposition des familles, afin que des sépultures dignes puissent être construites pour eux », a-t-il lancé.
La marche qui était prévue après le dépôt de la gerbe de fleurs, du pont 8 novembre au Camp Boiro à Donka, où devrait se tenir une cérémonie de lecture du Saint Coran n’a finalement pas eu lieu, faute d’accès au camp. La cérémonie a de nouveau été délocalisée. Pourtant, le 27 août 1991, l’ancien président Lansana Conté avait pris une décision visant à octroyer une partie du camp carcéral à l’AVCB pour qu’elle puisse y organiser ses activités.