Le président Alpha Condé, à travers un décret publié le mercredi 27 janvier 2021, met en place le Cadre permanent du dialogue politique et social. Selon les termes mêmes du décret, ledit cadre et une « plateforme permanente de concertation et d’échanges entre les partis politiques, les organisations sociales, les collectivités et le gouvernement autour des questions d’intérêt national ». Mais si l’acte du président de la République augure du démarrage prochain des discussions que de nombreux acteurs guinéens et étrangers n’ont eu de cesse de réclamer ces dernières semaines, le chemin qui doit y mener pourrait cependant être parsemé d’embuches. En particulier, la composition du Cadre permanent du dialogue politique et social pourrait susciter des empoignades. D’autant que certaines entités devant y être représentées recouvrent plusieurs tendances. C’est le cas en particulier de l’opposition et de la société civile.
A l’article 8 du décret du chef de l’Etat, il est annoncé que les organes du Cadre permanent du dialogue politique et social sont les suivants :
- Le secrétariat permanent
- Les plénières thématiques
- Les facilitateurs régionaux
Le premier de ces organes est l’instance exécutive du Cadre permanent. En effet, à l’article 9, il ressort que le secrétariat permanent « assure le fonctionnement régulier, la mise en œuvre du programme de travail et la supervision du personnel mis à la disposition du cadre permanent du dialogue politique et social ». C’est donc l’épine dorsale du Cadre permanent. Mais sa composition risque de ne pas être facile. Du moins dans la pratique. Car, en théorie, le secrétariat permanent est ainsi composé :
- Un secrétaire permanent, personne ressource reconnue pour ses compétences et nommée par décret
- Des membres nommés par décret et désignés comme suit :
- Un représentant de la Présidence de la République ;
- Un représentant de l’Assemblée nationale ;
- Deux représentants du Gouvernement
- Deux représentants de l’opposition
- Deux représentants de la majorité
- Deux représentants de la société civile
D’ores et déjà, il importe de s’interroger sur la façon dont l’opposition désignera ses deux représentants. D’autant qu’on a aujourd’hui deux grandes tendances au sein de l’opposition guinéenne, à savoir celle parlementaire et celle en dehors de l’hémicycle. D’ailleurs, au sein même de l’opposition extraparlementaire, on peut distinguer des nuances entre ceux qui, autour de Cellou Dalein Diallo, s’évertuent à ne pas reconnaître les institutions émanant de la nouvelle constitution, et ceux qui se disent réalistes. Bref, le choix des deux représentants de l’opposition pourrait donc se heurter à toutes ces divisions et subdivisions.
A la société civile non plus, ce choix ne sera pas facile. Déjà, le président du CNOSCG pose le critère de la représentativité des entités. Par ailleurs, la Plateforme des citoyens unis pour le développement (PCUD), creuset du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), au cas où elle voudrait en faire partie, sera-t-elle admise ?
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