Les avocats des détenus politiques incarcérés dans l’enceinte de la Maison centrale de Conakry voulaient-ils prendre les autorités guinéennes au dépourvu? Ces avocats qui dénoncent depuis des semaines l’interdiction qui leur est faite d’accéder à leurs clients, se sont rendus ce mardi matin devant la prison centrale, accompagnés de huissiers pour faire constater le refus auquel ils se buttent. Et ils en ont profité pour dénoncer le comportement du pouvoir qui, selon eux, foule aux pieds leurs droits à eux, mais aussi ceux des détenus.
« Nous sommes passés pour les rencontrer, malheureusement nous n’avons pas pu accéder à l’intérieur de la maison centrale. Mais on ne nous a pas dit le pourquoi », a déclaré au report du Djely Me Amadou Timbi Diallo, membre du collectif des avocats de l’opposition. Selon lui, vu que depuis quelques jours, de manière séparée, beaucoup d’avocats s’étaient plaint du fait que les autorités de la Maison centrale leur aient refusé l’accès à leurs clients, cette fois c’est tout le Collectif qui a fait le choix de venir constater ce refus. Pourtant, rappelle Me Amadou Timbi Diallo, « un détenu, qu’il soit en détention provisoire ou condamné, à accès à son avocat. L’avocat a accès à son client à tout moment, même au moment de l’exécution ». L’avocat qui estime par ailleurs que cette attitude des autorités risque de constituer un point de blocage dans la gestion de la procédure. Dans la mesure où, dit-il: « nous sommes constitués et nos clients n’entendent pas changer d’avocat, nous demeurons leurs avocats ».
Mais d’ores et déjà, à l’issue de constat établi ce matin, le Collectif promet de saisir le barreau de Guinée. « Nous allons rendre compte au conseil de l’ordre et puis le conseil de l’ordre avisera. Nous sommes venus avec les huissiers qui vont faire le constat, parce que nous avions le pressentiment qu’ils allaient nous empêcher aujourd’hui encore de rentrer dans la cour », annonce encore l’avocat. Qui ne voudrait surtout que l’on fasse de l’amalgame entre l’interdiction de fait imposée par les autorités et le fait que le Collectif avait déjà suspendu sa participation à la procédure. « Nous restons et demeurons avocats de nos clients qui sont incarcérés ici à la maison centrale. Nous avons simplement suspendu notre participation à la procédure, à l’interrogatoire de nos clients devant les juges d’instruction, puis que nous avons constaté qu’un certain nombre de règles qui sont pertinentes du code de procédure pénale n’ont pas été respectées », précise-t-il. Sur ce point, il insiste même: « Il faut que les gens comprennent, on ne s’est pas retiré de la défense de nos clients. Nous restons avocats de nos clients, nous pouvons les défendre et leur attribuer les conseils même en dehors du prétoire du juge ».
Enfin, l’avocat en a profité pour relayer des informations obtenues auprès des familles des détenus et selon lesquelles, les conditions de détention de nombre d’entre les opposants se seraient dégradées ces derniers temps. « Nous avons appris de leurs familles que leur conditions de santé se détériorent chaque jour, qu’il y a eu un durcissent de leurs conditions de détention » a conclu Me Amadou Diallo.