François Soudan, le Directeur de la rédaction de Jeune Afrique ne veut pas encenser Mahamadou Issoufou, le président du Niger qui se distingue dans la région en s’abstenant de réviser la constitution pour briguer un troisième mandat. Le journaliste pense même que le président sortant du Niger n’est pas nécessairement un « saint ». Il l’a dit ce mercredi 10 mars 2021 chez nos confrères de Djoma TV, dans l’émission ‘’On refait le monde’’ dont il était l’invité. En substance, il estime que le troisième mandat n’a pas pu avoir lieu au Niger, parce que le président Issoufou avait conscience des risques qu’il courrait en cédant à la tentation.
Est-ce une façon de relativiser les félicitations quasi-unanimes auxquelles a aujourd’hui droit Mahamadou Issoufou et par là même occasion amoindrir la déception que son ami Alpha Condé inspire certainement aujourd’hui auprès de nombreux défenseurs des droits humains et de la démocratie ? En tout cas, ce mercredi 10 mars, en face des chroniqueurs de l’émission ‘’On refait le monde’’ le journaliste François Soudan, invité à commenter le choix opéré par le président nigérien, de ne pas briguer un nouveau mandat, a préféré voir le verre à moitié vide. Certes, il ne boude pas le fait que Mahamadou Issoufou se soit limité à ses deux mandats. Mais il croit surtout que celui-ci n’avait pas le choix. « Si Issoufou avait essayé de changer la constitution, il y aurait eu un coup d’Etat le lendemain. C’est ce qui est arrivé à son prédécesseur. Il allait tomber. Il n’avait pas cette possibilité », dit-il en substance ; ajoutant même : « Il ne faut pas croire que les gens sont des saints ».
Ceci étant, « je ne peux pas non plus vous dire que si toutes les conditions étaient réunies, qu’il allait partir à un troisième mandat », nuance le journaliste néanmoins. Mais il demeure convaincu que « l’impossibilité d’avoir un troisième mandat est entré en ligne de compte dans la réflexion (de Mahamadou Issoufou ».
Pourtant, signe que le choix du président nigérien est salué par la communauté internationale, il vient de recevoir le prix Mo Ibrahim 2021, qui récompense la bonne gouvernance et le leadership démocratique des dirigeants africains,
En poste depuis le 7 avril 2011, Mahamadou Issoufou devrait prochainement transmettre le sceptre du pouvoir à Mohamed Bazoum qui vient d’être déclaré vainqueur par la CENI, à l’issue d’un second tour qui l’opposait à l’opposant et ancien président Mahamane Ousmane. Une victoire contestée par l’opposition et qui aura donné lieu à des violences à la suite desquelles le principal opposant Hama Amadou est retourné en prison.
Âgé de 69 ans, Mahamadou Issoufou avait auparavant occupé les fonctions de premier ministre et de président de l’Assemblée nationale, entre autres.
Ibrahima kindi BARRY