Conakry, la capitale guinéenne abrite depuis ce mercredi 17 mars 2021, un atelier d’élaboration du plan d’action d’inclusion et d’autonomisation des personnes handicapées dans les 57 pays membres de l’Organisation de la conférence islamique (OCI). Résultant des résolutions des 45ème et 46ème Conférences des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OCI de Dakka (Bengladesh) et d’Abu Dhabi et faisant suite à la feuille de route adoptée à l’issue du séminaire international des experts sur l’inclusion et l’autonomisation des personnes handicapées des 23 et 24 décembre 2019 de Conakry, ledit plan d’action est l’expression de la volonté des pays membres de l’OCI de prendre en compte les multiples défis auxquels font face les personnes handicapées. La cérémonie d’ouverture de ce mercredi a connu la présence de la ministre de l’Action sociale et de l’Enfance, Hadja Aïssata Daffé, du ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, Pr. Alpha Amadou Bano Barry, représentant du Gouvernement, du représentant résident du Programme des Nations unies (PNUD) en Guinée, Luc-Joël Grégoire, ainsi que celle du secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires, culturelles et sociales de l’OCI, Tariq Ali Bakhiet.
Dans son allocution de bienvenue, la ministre de l’Action sociale a commencé par noter l’évolution positive que la conception du handicap a connue ces dernières années en Guinée. Evolution consécutive, selon elle, aux « diverses stratégies et actions mises en place et menées par les Gouvernements successifs de la République qui ont trouvé leur point d’orgue dans la Politique d’Inclusion » du chef de l’Etat. Ce qui fait que, dit Hadja Aïssata Daffé, « en Guinée, le handicap n’est plus uniquement l’affaire des personnes qui en sont porteuses ou des organisations de la société civile dévouées à leur cause. Désormais, il constitue une problématique qui interpelle aussi bien les familles, les communautés, les gouvernants que les partenaires qui, chacun de leur côté, a un rôle déterminant à jouer ». Et à l’en croire, la dynamique devrait se poursuivre. « Les autorités publiques, à quelque niveau qu’elles soient, en ce qui les concerne, sont à pied d’œuvre pour s’acquitter de leur devoir par un dispositif au triple point de vue institutionnel, juridique et programmatique. Ainsi, le handicap est désormais reconnu comme une priorité sociale dans les documents de référence de développement. Son armature juridique consacrée par la Constitution nationale est en voie d’être arrimée sur la Convention internationale des Droits des personnes handicapées. Un programme national sur le handicap se met progressivement en œuvre », souligne la ministre de l’Action sociale et de l’Enfance.
Le secrétaire général adjoint aux Affaires humanitaires, culturelles et sociales de l’OCI, pour sa part, relève la problématique spécifique des personnes handicapées en cette période de Covid-19. « Les mesures nécessaires prises par les Etats pour lutter contre la propagation de la maladie de Coronavirus, telles que la distanciation sociale, l’hygiène personnelle, le lavage fréquent des mains aggravent de plus en plus la situation des personnes vivant avec un handicap, étant donné que le respect de ces mesures est souvent très difficile pour ces personnes en raison de leur dépendance totale à la société », note en effet Tariq Ali Bakhiet. Ceci étant, il a tenu à relever qu’au-delà du contexte particulier lié à la pandémie qui sévit aujourd’hui, le Plan d’action au cœur de la rencontre de Conakry, « vise à doter les États membres de l’OCI de lignes directrices dans le domaine de la promotion et de l’inclusion des personnes vulnérables et des personnes vivant avec un handicap afin de mieux faire face aux défis auxquels elles sont confrontées. Somme toute, ce Plan vise à accroître la participation des personnes vulnérables et des personnes vivant avec un handicap au développement de leurs communautés et à promouvoir la coopération entre les États membres dans ce domaine ».
Luc-Joël Grégoire, le représentant résident du PNUD en Guinée, de son côté, met l’accent sur l’ampleur des défis qui sous-tendent l’adoption du Plan d’action d’inclusion et d’autonomisation des personnes handicapées. En effet, rappelle-t-il, « on estime à près de 180 millions de personnes le nombre de ceux et de celles qui vivent aujourd’hui en Afrique avec un handicap et qui sont confrontées à de nombreux obstacles pour participer pleinement à la vie sociétale ». Par ailleurs, fait-il remarquer également : « Un enfant non scolarisé sur trois, vit avec un handicap et moins de 2% des enfants ayant un handicap, vont à l’école ». Mais son institution, assure-t-il, prendra toute la place qui lui revient dans la prise en charge des défis auxquels le monde du handicap est confronté. Ainsi, réaffirme-t-il « l’engagement et l’entière disponibilité du PNUD à appuyer, de concert avec d’autres partenaires tels que l’OCI, les efforts du Gouvernement guinéen pour l’inclusion et l’autonomisation des personnes handicapées ».
Justement, le gouvernement guinéen, par la voix du ministre de l’Education nationale et de l’Alphabétisation qui en était le représentant à la cérémonie d’ouverture, a tenu à déclarer que le « handicap ne doit pas être négligé au motif qu’il est perçu –et à tort- comme investissement non productif ». De même, fait observer Pr. Alpha Amadou Bano Barry, « nous sommes invités à garder à l’esprit que les actions réalisées en direction des publics handicapés profitent à tous, handicapés ou non ». Partant de l’expérience guinéenne de la gestion du handicap, le ministre de l’Education nationale a suggéré aux participants de tenir particulièrement compte de trois axes de réflexion :
- la création d’un environnement favorable par l’élimination des différentes barrières
- la production de données statistiques fiables
- la prévention du handicap en agissant sur les causes externes évitables
L’atelier de deux jours réunit une cinquantaine de participants issus des services de l’Etat guinéen, des organisations des personnes handicapées, des partenaires techniques, entre autres.
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