Un courrier numéroté 0513 du Premier ministre, Ibrahima Kassory Fofana, adressé aux mairies et mosquées de Conakry, à travers respectivement le ministère de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, suscite des interrogations chez les citoyens. Pour cause, l’objet du courrier intitulé : « Interdiction des mariages dans les mairies et mosquées ». Mais dans son contenu, il est plutôt question de « faire respecter rigoureusement les mesures barrières », en vigueur contre la pandémie du Covid-19.
A Ratoma, les autorités communales affirment avoir pris des dispositions pour que les citoyens qui viennent déposer leurs dossiers de mariage en soient informés. Certains chefs de quartiers quant à eux disent ne pas avoir été associés à la démarche à postériori, mais appellent les citoyens à prendre leurs responsabilité. « On ne peut pas défier l’Etat, mais malheureusement l’autorité de l’Etat est complètement ignorée, sinon dans mon quartier quand je dis non, c’est non. Mais si j’essaie d’appliquer une règle sans aucun document administratif, la population peut se révolter contre moi. Les gens peuvent estimer que je cherche à les saboter. Or, on n’a pas de protection ici en cas de troubles », confie un chef de quartier.
De leurs côtés, les leaders religieux indiquent qu’il ne sera jamais question pour eux d’interdire une union sacrée. « L’Etat peut interdire, et même la ligue islamique puisqu’elle relève de lui, mais cela ne répond pas aux préceptes de l’islam. Dans la pratique, ils ne peuvent qu’interdire les regroupements pour éviter la propagation de la pandémie, mais on ne peut pas refuser de célébrer les mariages à cause d’une maladie, parce que si on ne se marie pas, on fera la fornication qui est un grand pêché », estime pour sa part Oustaz Mamadou Oury Diallo, imam dans un quartier de la haute banlieue de Conakry.
Hawa Bah