
Du 23 au 25 avril 2021, s’est tenue à Conakry la 13e édition des 72 heures du livre. A cette occasion, les livres – plus précisément ceux des nouveaux auteurs – étaient vendus à des prix plutôt bas. Pour les éditeurs, cette stratégie vise surtout à faire connaître ces nouveaux auteurs d’abord avant de penser au profit.
Jean Baptiste Zébélamou, écrivain et directeur des Editions Innov explique que cette baisse du prix ne peut pas vraiment impacter les auteurs, car les droits d’auteurs sont versés à la fin de l’année. “Les droits d’auteurs seront respectés même si on baisse le prix pour faire les soldes. Mais aussi, il faut rendre les livres accessibles à ceux qui veulent acheter. Il ne s’agit pas d’éditer les livres mais il faut que les lecteurs aient une facilité de pouvoir entrer en contact avec les livres édités ; raison pour laquelle on a vraiment réduit le prix pour ce salon du livre afin de faciliter leur achat et de permettre à nos auteurs d’être lu », a-t-il expliqué.
Pour aider les jeunes écrivains, c’est tout un processus est mis en place. Cela va de la dédicace des œuvres à leur vente par les auteurs eux-mêmes, mais aussi par la maison d’édition. “La première des choses : nous faisons des dédicaces pour permettre la vente du livre. On permet aussi à l’auteur de pouvoir acheter quelques exemplaires de son livre chez nous à des prix très bas pour les revendre au prix réel (…) Ce que nous aussi nous vendons, nous lui reversons des droits d’auteur. Donc, les deux combinés donnent vraiment la latitude à l’auteur de pouvoir vivre de ce qu’il fait », assure Jean Baptiste Zébélamou.
Nouvel auteur, Abdourahamane Sénateur Diallo vient de sortir ‘Nations enchantées‘. L’ouvrage qui doit se vendre à 120 000 francs guinéens a été soldé pendant les 72 heures du livre à 70 000. “C’est compliqué avec près de la moitié du prix du livre, mais comme ça rentre dans le cadre de la promotion de la lecture, du livre en Guinée, pendant ces 3 jours, il n’y a pas de problème. Nous faisons ce sacrifice pour permettre à tout le monde de se procurer les livres », justifie le jeune auteur.
Pour Elhadj Ousmane Baldé, un autre auteur, l’objectif de l’écrivain n’est pas de se faire du profit en premier mais d’avoir une notoriété. “On ne peut pas tout de suite être un écrivain novice et mettre dans la tête qu’il faut avoir beaucoup de pognon. Il faut du temps pour avoir un héritage littéraire, pour avoir de l’argent à travers la littérature. Donc, la chose la plus importante dans l’écriture, ce n’est pas tout de suite viser l’argent, c’est avoir quelque chose qu’on peut léguer à la génération future. Donc, si on vend les livres en promo, la chose la plus importante dedans, c’est que les livres seront lus. Et plus les livres sont lus, plus les auteurs seront connus. Et plus les auteurs sont connus, plus c’est bien pour nous », souligne l’auteur des ‘Mots pour maux‘.
Sansy Kaba Diakité, le directeur de la maison Harmattan-Guinée, indique de son côté que proposer des ouvrages à bas prix participe à la promotion de l’accès au livre. “Nous sommes très content que cela se fasse en harmonie avec toutes les maisons d’éditions, avec tous les partenaires du salon. Et l’État même va s’y mettre prochainement en faisant en sorte que les éditeurs locaux soient accompagnés dans le cadre de leur travail », s’est félicité le commissaire général des 72 heures du livre.