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TIERNO MONENEMBO : « J’ai envoyé un livre à Alpha Condé, alors qu’il était prisonnier politique »

En marge d’un entretien qu’il a récemment a accordé à la presse au sujet de la pétition qu’il a lancée en faveur de la libération des détenus politiques, l’écrivain Tierno Monenembo a également abordé de nombreux sujets relatifs à l’actualité nationale. Nous vous proposons ici les réponses données par le prix Renaudot 2008 aux questions à lui posées par la presse.  

Lors d’une récente sortie médiatique, le chef de l’Etat Alpha Condé a dit clairement qu’il n’existe pas de prisonniers politiques en Guinée. Que vous inspirent ces propos du président de la République ?

C’est le comble du cynisme. Cet homme a été prisonnier politique au temps de Lansana Conté. Ce dernier n’avait jamais dit qu’Alpha Condé n’était pas un prisonnier politique. Je me souviens avoir envoyé à l’opposant qu’il était à l’époque par la poste un livre que je venais d’écrire et j’ai mis sur l’enveloppe, ‘‘Pour Alpha Condé, prisonnier politique, Conakry, République de Guinée’’. Le livre est arrivé à Alpha Condé et c’est lui-même qui m’a dit que le livre lui est arrivé. Et aujourd’hui, c’est lui qui interdit à ses prisonniers le titre de prisonniers politiques. C’est le comble du cynisme.

Récemment, le département d’Etat américain, la commission des droits de l’homme de l’Union africaine et tant d’autres ONG nationales et internationales ont dénoncé les violations de droits humains en Guinée. Il y en a qui préconisent des sanctions contre le régime. Qu’en pensez-vous ?  

Malheureusement, ce n’est pas moi qui décide des sanctions. Mais je les souhaite vivement. Je souhaite effectivement que la communauté internationale sanctionne cet Etat répressif, brutal, cet Etat arbitraire, violent et corrompu. Il est grand temps qu’Alpha Condé et ses sbires subissent les sanctions de la communauté internationale. Je le souhaite vivement.

L’invitation du président Condé pour le 18 mai en France, n’est-elle pas une façon pour l’Elysée de reconnaître le troisième mandat ?

Probablement, vous savez que la politique africaine de la France est très ambiguë. On ne sait jamais avec quel pied danser avec ces gens-là. Je pense que l’invitation d’Alpha Condé à Paris, comme d’ailleurs celle de Ouattara est une forme plus ou moins déguisée de reconnaissance par l’Elysée du troisième mandat d’Alpha Condé. C’est un message fort qui est adressé aux Africains. C’est une invitation trouble. C’est pour dire que nous devons compter sur nous-mêmes.

Vous avez suivi le communiqué du ministère de la Ville et de l’Aménagement du territoire évoquant la fermeture du cimetière de Bambeto. Que pensez-vous de cette décision ?

C’est des diables ces gens-là. Ils n’ont aucun sens de l’humain. Ils n’ont aucun sens du religieux, ils n’ont aucun sens de la morale, aucun sens du civisme. C’est incroyable !

C’est aussi une façon d’effacer les preuves des tueries faites sous ce régime. Vous avez vu ce qu’ils ont fait du camp Boiro ? C’est devenu une petite cité de villégiature. Ils ont tout rayé, tout supprimé. C’est l’une des raisons qui les forcent à fermer ce cimetière pour ne pas qu’il y ait les traces de leurs crimes.

Que peut-on retenir du cas du Tchad qui vient de perdre son président à la suite d’une blessure reçue au front, selon l’armée tchadienne ?

C’est toute la pitié des régimes africains. Les régimes africains peuvent vivre cent cinquante ans et tomber en une minute. Ils sont trop faibles. Ils n’ont aucune base populaire, ils n’ont pas des moyens de protection, ce sont les grandes puissances qui les protègent et essentiellement la France.

A la mort d’Idriss Déby, le président Alpha Condé avait décrété une journée de deuil national pour commémorer la mort de son ami. Quels commentaires en faites-vous ?

Ça ne nous concerne pas.  La Guinée n’a pas à faire un deuil national pour un dictateur. C’est Alpha Condé lui seul qui est en deuil et tant pis pour lui. Le peuple de Guinée n’est pas en deuil. Idriss Déby n’a jamais été l’ami des Guinéens. Les Guinéens ont d’autres morts à pleurer. Nous n’allons pas pleurer des dictateurs ici. Je ne souhaite la mort de personne, mais je ne pleurerai jamais la mort d’un dictateur, jamais de la vie.

Pour signer sa pétition, cliquez ici !

Propos recueillis par Ibrahima Kindi BARRY

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