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RECRUTEMENT A LA FONCTION PUBLIQUE : Ben Daouda Touré fait des graves “révélations” sur Jean Pierre Koly Goépogui

Invité de l’émission Les Grandes Gueules de la radio Espace FM Guinée, jeudi 22 avril dernier, Jean Pierre Koly Goépogui, se présentant comme le président d’un collectif de fonctionnaires dont les numéros de matricule semblent être trafiqués par des cadres du ministère de la Fonction publique, a porté des graves accusations, notamment de « recrutements fantaisistes », contre certains responsables du département.  Ce jeudi 29 avril, Ben Daouda Touré a accordé une interview au Djely sur cette affaire qui défraie la chronique ces derniers jours. Réagissant aux propos de M. Goépogui, ce cadre du ministère de la Fonction publique, de la Réforme de l’Etat et de la Modernisation de l’Administration – précisant parler à titre personnel – s’est dit consterné par les accusations emmenant, selon lui, de ce “simple faussaire ».

Ledjely.com : Il y a quelques jours, Jean Pierre Koly Goépogui a accusé des cadres du ministère de la Fonction publique de « recrutements fantaisistes ». Que connaissez-vous dans cette affaire ?

Ben Daouda Touré : Vous allez noter que je vais parler en mon nom personnel. Parce que l’affaire dont on parle ici est déjà à la justice. Je ne suis pas mandaté par mon département pour commenter ce dossier et je n’ai aussi pas le droit de commenter un dossier qui est à la justice. Mais je vais vous dire ce que j’en sais à titre personnel.

Un jour, en 2015, on sortait du conseil de cabinet quand un groupe de jeunes criait devant le portail de la Fonction publique. Je me suis hasardé à demander ce qui se passait. Ils m’ont dit qu’ils sont des jeunes possédants des arrêtés d’engagement. Mais qu’ils ne sont pas pris en charge. Personnellement, je ne comprenais pas très bien ce que ça voulait dire. Donc, j’ai été informé le ministre Sékou Kourouma – (décédé l’année dernière qui dirigeait le département à l’époque, ndlr) – comme quoi il y avait une manifestation.

Séance tenant, le ministre a réuni tous les cadres pour voir ce qu’il fallait faire. N’oubliez pas que Monsieur Sékou Kourouma n’avait été nommé qu’en février 2014. Donc, nous étions exactement dans l’année. Alors au cours de cette réunion, on a fait venir quelques membres de ceux qui manifestaient dehors. Il y avait cinq jeunes qui avaient pris part à cette réunion. Ils nous ont parlé d’une liste de 5 565 agents – c’était écrit et j’ai encore les écrits – qui seraient en possession d’arrêtés d’engagement, mais qui ne sont pas pris en charge.

Le nombre étant très élevé, on ne pouvait pas trancher. Alors, Monsieur Sékou Kourouma les a calmé en leur disant de rentrer, qu’on allait vérifier le dossier. A l’interne, il y a eu plusieurs réunions, le nombre était immense. Ce qu’il faut comprendre à la Fonction publique, c’est qu’on ne crée pas un poste qui ne soit pas budgétisé. C’est-à-dire que tu ne peux pas travailler à un poste où il n’y a pas de salaire. Cela est impossible. Donc on avait ce problème. Et puis l’échantillon qu’ils nous avaient donné ce jour-là datait de 2005 et d’autres de 2007. Il n’y avait aucun dossier qui datait après 2010. Tous les documents que nous avions dataient d’entre 2005 et 2007. Ça devenait encore beaucoup plus compliqué. A l’une des réunions, j’ai demandé au ministre Sékou Kourouma, entre 2005 et 2015 – parce que nous étions en 2015 – il y a eu combien de ministres à la Fonction publique qui n’ont pas pu traiter ce dossier. J’ai dit moi ça me fait peur. Heureusement, je venais d’arriver en Guinée. On s’est mis à rire. On m’a même traité d’Américain ce jour-là.

Mais Sékou Kourouma non plus n’a pas accepté le dossier séance tenante. Il a saisi le Conseil des ministres et en l’occurrence le Premier ministre d’alors, Mohamed Saïd Fofana. C’est là-bas que l’ordre a été donné de recevoir les dossiers et de voir ce qu’on pouvait faire pour aider ces jeunes. C’était le langage. Traiter les dossiers et aider les jeunes. C’est ainsi qu’une petite commission de 15 personnes a été formée pour recevoir les dossiers. On s’attendait à 5 565 dossiers comme prévu. Mais à la réception des dossiers, nous avons eu un total de 11 227 dossiers.

La commission n’avait rien fait que de les regrouper et les traiter. Après analyse, vérification, et croisement, nous avons découverts que ceux qui pouvaient être repêchés à la Fonction publique étaient au nombre de 4 806. C’est ceux-là qui avaient de bons arrêtés et de bons diplômes. On a vu 1 271 faux diplômes et 6 421 faux actes d’engagements. Donc, on a fait le compte rendu. A mon analyse personnelle, c’est qu’il y a eu un ajout de près de 6 000 sur les 5 000 qu’ils avaient déclarés. Mais après vérification et contrôle, on se retrouve dans les franges de 5 000. Moi je dis que la différence a été fabriquée le moment où on leur a demandé d’amener les diplômes. Je crois que c’est le problème qui continue aujourd’hui. Ces dossiers sont faux, archi-faux et prouvés.

Comme on nous avait demandé, selon le langage, d’aider les jeunes, on ne les a pas mis à la porte. On a demandé sur place à ceux qui pensent qu’ils avaient un bon arrêté, à ceux-là il manquait des diplômes. On leur a donné le temps d’aller chercher leurs diplômes. Sur ce groupe-là, il y a eu 271 diplômes qui sont venus s’ajouter. Ce qui fait que le total était de 5 777 bons arrêtés et bons diplômes. On pouvait plaider pour ceux-là. Mais j’avoue que je ne sais pas dans quel sens. Parce qu’il faut retenir que pour entrer à la Fonction publique, soit tu as un décret, ou tu passes par un concours administratif quand un département exprime un besoin. Mais nous, en tant que département de la fonction publique, gestionnaire de l’administration publique, on ne recrute pas simplement parce qu’on veut recruter.

Or, dans leur cas, apparemment personne n’avait demandé de recrutement pour un quelconque ministère. Parce qu’ils n’ont pas passé de concours. Donc, il y avait ce problème qui était là. Même avec un bon arrêté et un bon diplôme, personne n’a demandé. Il fallait les affecter où ils pouvaient. Donc, on avait ce problème aussi. Néanmoins, il y avait des concours qui se sont passés entre 2016 et 2017, on a casé ces gens-là. Cette décision n’a pas été prise par le ministère de la Fonction publique. C’était lors d’un conseil interministériel présidé par le ministre de la Justice à l’époque (Cheick Sako (2014-2019), ndlr), pour prendre une décision afin de résoudre le problème.

Monsieur Touré, qu’est-ce qui vous fâche concrètement dans les propos de Monsieur Jean Pierre Koly Goépogui ?

Ce qui me révolte personnellement, c’est le fait que la personne qui s’était décidé à aider tout le monde – si moi je suis en Guinée aujourd’hui c’est par sa grâce car c’est cet homme qui est parti me chercher aux Etats-Unis et je ne suis pas le seul – qui avait estimé que le groupe-là a été victime d’arnaque, donc qu’il fallait corriger l’injustice, soit sali aujourd’hui. C’est ce monsieur, Sekou Kourouma, qui s’est battu jusque devant le président de la République pour défendre ces dossiers pour trouver une issue favorable ! Donc, ça me fait mal aujourd’hui on insulte ce cadre parce qu’il est décédé. Non, ça ne s’est pas passé comme l’affirme ses détracteurs. Ce monsieur n’a fait que du bon pour ces gens. On ne laisse pas salir la mémoire d’un ami. Tout cela c’est un problème d’arnaque et de faussaire. Si nous n’étions pas en Guinée, Jean Pierre Koly Goépogui serait actuellement en prison. Parce que nulle part au monde un citoyen ne viendra s’arrêter avec des signatures falsifiées de ministres de la République et aller à la radio pour insulter l’Etat. C’est parce que c’est en Guinée… Puisque je ne suis pas mandaté, donc je suis libre aujourd’hui de dire ce que je pense. Je ne parle au nom de personne d’autre, je parle en mon propre nom : Ben Daouda Touré.

A votre avis, les dossiers que Koly Goépogui défend sont-ils authentiques ?

Non ! Il défend de faux dossiers. Il parle de 2 000. Moi, dans mon rapport, je ne vois aucun chiffre qui correspond à 2 000. On dit collectif des 2 000. Ils sont tombés du ciel ? Où est-ce qu’il les fabrique ? Et puis Koly est qui en Guinée pour que les agents de l’Etat lui déposent leurs dossiers pour se faire recruter, s’il n’est pas un chef faussaire ?

Mais il  dit être à la tête d’un collectif de jeunes qui luttent pour leur intégration à la Fonction publique…

D’accord ! Mais est-ce qu’il est à la tête d’une ONG ? Est-il agréé pour cela ? A-t-il montré son agrément ? Est ce qu’il y a une ONG en Guinée qui s’occupe des faux dossiers ? C’est comme ce que je dis : nous sommes dans cette affaire parce que personne ne l’a foutu en prison. Personne ne peut se vouloir de faux dossiers. C’est très facile de le savoir. Tu peux falsifier la signature ou cachet de n’importe quel ministre. Nous, on peut le savoir rien que par la date. Par exemple, vous qui êtes assis en tant que simple citoyen, est ce que vous pouvez me dire le jour où l’actuel ministre a pris une décision ? Vous ne le savez pas. Donc, si vous falsifiez sa signature, vous allez vous tromper de date. Vous allez trouver une date où le ministre n’avait signé aucun papier. On sait déjà que c’est faux. C’est un faussaire. Et il le sait ! À partir du moment où on n’a pas pris tout le monde, le reste on lui dit pourquoi on n’a pas pris. Personnellement, je suis passé à la radio et à la RTG pour parler de l’affaire de faux diplômes…

Mais ce n’est pas la première fois que Monsieur Koly fait des sorties médiatiques pour dénoncer ce qu’il considère comme des ‘recrutements  fantaisistes’ à la Fonction publique. A votre avis, pourquoi le fait-il ?

C’est parce qu’il a un problème personnel avec des gens dont il ne veut pas dire les noms. Jean Pierre Koly Goépogui ne sort jamais pour insulter, sauf quand il entend des rumeurs de changement dans le département, de remaniement ministériel ou quand les élections nationales approchent.

Mais il n’y a pas de remaniement en vue pour le moment !

Si ! Il n’y a aucun secrétaire général qui n’a encore été changé, de même qu’aucun chef de cabinet, aucun directeur national également. Les départements ne sont pas encore restructurés. C’est cela son objectif. Il est entrain de salir des cadres parce qu’il ne veut pas les voir. Parce que ces cadres ont sorti des documents qui mettent en cause lui et ses acolytes.

Tellement qu’il est sûr de ses documentations, Koly Goépogui met le département au défi d’aller en justice. Qu’en dites-vous ?

C’est pourquoi on m’a demandé de ne pas parler. Je parle à mon nom personnel. Puisqu’il dit avoir déjà déposé sa plainte. Nous, on attend ! On ne discute pas une décision de justice. Arrivé au tribunal, il va parler. Même si on me convoque à la justice, je ne pourrais rien dire. Je ne suis pas responsable ici. Mais je ne peux pas accepter qu’on salisse la mémoire de mon bienfaiteur (Sekou Kourouma, ndlr) quand on l’accuse de faux. On n’a jamais dit ici que le défunt ministre a embauché ses enfants, même pas sa femme. Maintenant qu’il est décédé qu’on le laisse se reposer en paix. Le faussaire, lui, il vit de ça. Parce que s’il se promène de médias en médias, c’est bien parce qu’il y a quelqu’un qui paie son transport.

Propos recueillis par Balla Yombouno

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